e Stanicha?
Tous lui montrent Djouro. Le doge donne donc a Djouro le baiser et la
pomme de l'hymen. Les deux fils du doge s'approchent ensuite apportant
deux fusils rayes de la valeur de 1000 ducats.
Ils s'enquierent ou est Stanicha, tous lui montrent Djouro.
Les deux Venitiens l'embrassent comme leur beau-frere et lui remettent
leurs presents. Apres eux viennent les deux belle-soeurs du doge,
apportant deux chemises du plus fin lin toutes tissues d'or; elles
demandent ou est le fiance.
Tous montrent du doigt Djouro.
Satisfaits de la ruse, Ivo et les Tsernogorstes reprirent ensuite le
chemin du pays.
Il parait qu'arrive au Tsernogore, Djouro remit a Stanicha la fille du
doge; mais il voulut garder les presents. Une autre _piesma_ raconte la
fin de cette histoire, nous la citons car rien ne saurait mieux donner
une idee des moeurs actuelles de cet etrange pays qui n'a rien encore
perdu de sa couleur primitive.
"La fille du doge pousse son mari a en finir avec Djouro.
"Je ne puis, crie-t-elle a Stanicha en pleurant de depit, je ne puis
ceder cette merveilleuse tunique d'or tissue de mes mains, sous laquelle
je revais de caresser mon epoux, et qui m'a presque coute les deux yeux
a force d'y travailler nuit et jour pendant trois annees.
"Dussent mille troncons de lances devenir ton cercueil, mon Stanicha, il
faut que tu combattes pour la recouvrer, ou si tu ne l'oses pas, je
retourne la bride de mon coursier, et je le pousse jusqu'au rivage de la
mer.
"La je cueillerai une feuille d'aloes avec ses epines, je dechirerai mon
visage, et tirant du sang de mes joues, avec ce sang j'ecrirai une
lettre que mon faucon portera rapidement a la grande Venise, d'ou mes
fideles Latins s'elanceront pour me venger.
"A ces mots de la fille de Venise, Slanicha ne se possede plus; de son
fouet a triple laniere, il frappe son coursier noir, et ayant atteint
Djouro, le Tsernogorste le frappe d'un javelot au milieu du front.
"Le beau vaivode tombe mort au pied de la montagne.
"Glaces d'horreur, tous les svati (compagnons des chefs)
s'entre-regarderent quelque temps; a la fin leur sang commenca a
bouillonner, et ils se donnerent des gages, des gages terribles qui
n'etaient plus ceux de l'amitie, mais ceux de la fureur et de la mort.
"Tout le jour, les chefs de tribus combattirent les uns contre les
autres, jusqu'a ce que leurs munitions fussent epuisees, et que la nuit
fut venue joindre ses tenebres aux horreurs du c
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