l'age de 80 ans, le vladika Pierre, qui
gouvernait depuis un demi-siecle le Montenegro.
XII.
Pierre I'er fut le veritable fondateur de l'Etat montenegrin; ferme,
patient, habile, doue en meme temps d'une douceur d'apotre et d'un
courage de heros, ce vladika soutint son pays dans les crises de tout
genre qu'il eut a subir pendant les cinquante annees de son regne.
Son neveu, qu'il avait choisi pour successeur, fut salue du titre de
vladika par tous les chefs reunis sur la colline d'Ivo le Noir; il prit
le nom de Pierre II, et partit en 1833 pour recevoir a Saint-Petersbourg
la consecration episcopale. Il n'etait que diacre quand son oncle
mourut. Pendant ces trois annees, il defendit son pays contre de
nouvelles entreprises des Turcs. La necessite ou se trouvait le sultan
de reprimer la revolte du vice-roi d'Egypte, le forca de rappeler son
vizir du Montenegro, et de diriger son armee sur la Syrie.
Le pouvoir, longtemps partage entre le gouvernement civil et l'eveque,
avait fini par appartenir completement a ce dernier. Un parti se forma
pour reconstituer l'Etat sur ses anciennes bases, et ressusciter la
charge de gouverneur. Ce parti fut battu, et Pierre II, libre pour le
moment de toute complication interieure et exterieure, put mettre la
derniere main a l'oeuvre de la reforme du pays entreprise par son oncle
Pierre Ier.
Pierre II exerca jusqu'en 1838, une dictature pacifique sur ses
concitoyens epoque a laquelle le legislateur dut faire place au
guerrier.
XIII.
Le Montenegro, environne presque de tous cotes par la mer, qu'il voit,
qu'il touche pour ainsi dire, ne peut se frayer un libre passage jusqu'a
ses rivages. Le congres de Vienne a cru devoir fermer de ce cote toute
issue vers la mer. Le Montenegro n'a point de port, ce qui rend les
montagnards tributaires de l'Autriche pour un grand nombre d'objets de
consommation et surtout pour le sel.
La possession de Kataro est toujours l'idee fixe, l'espoir permanent des
Montenegrins. C'est la qu'il faut chercher la veritable cause de la
levee de boucliers de 1838, et non point dans la question de
delimitation de territoire qui lui servit de pretexte.
De nombreux combats eurent lieu entre les imperiaux et les
Tsernogorstes, sans amener de grands resultats. Pour en finir,
l'Autriche et le Montenegro resolurent de s'en rapporter a l'arbitrage
de la Russie; la paix fut signee grace a la mediation de cette
puissance; mais les Montenegrins a
|