ait infailliblement a des revoltes
semblables a celles dont nous venons de parler, s'il s'opposait aux
_tchetas_ et voulait les rendre absolument impossibles.
C'est une de ces _tchetas_ qui amena, en 1852, Omer-Pacha a la tete
d'une armee turque sur la frontiere du Montenegro.
Le colonel Kovalevski, cet infatigable propagandiste russe dont nous
avons entretenu nos lecteurs, avait prepare et dirige cette levee de
boucliers contre la Turquie. La Russie voulait engager les hostilites
pour susciter des embarras a la Porte au moment ou, par l'envoi du
prince Menchikof, elle allait soulever la question du protectorat.
L'Autriche empecha la lutte.
Cette puissance ne saurait voir d'un bon oeil tout ce qui peut donner de
la vie et du mouvement a la nationalite slave. La moindre etincelle
jetee sur les provinces serbes peut allumer un incendie. L'Autriche
intervint pour eteindre le feu. La Porte sut eloigner son armee de la
frontiere du Montenegro, et les Montenegrins se virent obliges a rentrer
dans leur territoire.
On voit par ce que nous venons de dire combien la paix, quand elle
existe, doit etre menacee et precaire entre les deux pays.
XVIII.
L'annee derniere une foule nombreuse de montagnards etait reunie sur la
plate-forme de Tsetinie, pour assister a l'execution d'un meurtrier.
Autrefois le droit de vengeance (krvina), exerce par les parents de la
victime, representait la vindicte publique. Aujourd'hui c'est le senat
qui prononce la peine de mort au nom de la societe.
Cette penalite toute nouvelle excite encore de vives repugnances au
Montenegro; on est oblige pour l'appliquer, de l'adoucir encore et de
laisser aux condamnes des chances de s'y soustraire.
Lorsqu'une sentence de mort a ete prononcee, chaque tribu fournit deux
guerriers qui se rendent avec leur fusil charge sur le lieu du supplice.
Le condamne est place a quarante pas du groupe charge de le fusiller.
Cinquante balles sont dirigees a la fois contre sa poitrine; ses parents
ne pourront pas savoir qui l'a frappe. La vendetta est donc impossible.
Si par hasard il n'est que blesse, la peine est subie, le meurtrier est
gracie.
Si par miracle il echappe, il devient libre et passe chez les Ouskoks.
Desormais il fait partie de leurs bandes.
Le gouvernement attache une grande importance a faire fonctionner cette
penalite imparfaite sans doute, mais qui est bien preferable aux anciens
procedes de justice barbare et sommaire en usage
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