resolu dont les efforts perseverants
ont singulierement rapproche le Montenegro des autres pays de l'Europe
au point de vue de la civilisation.
Pierre II est parvenu a detruire ces _vendette_ qui constituaient, sous
le nom de _kroine_, une sorte de droit a la vengeance, et les
enlevements des jeunes filles _otmitsa_, dont l'usage, emprunte aux
epoques de barbarie, s'etait perpetue jusqu'a nos jours.
Le gouvernement, depuis Pierre II, se compose d'un _soviet_ (senat),
dont les membres sont elus par le peuple, mais qui ne peuvent sieger que
lorsque leur election a ete confirmee par le vladika. Les _sovietniks_
(senateurs) sont loges et nourris aux frais de l'Etat. Ils recoivent en
outre un traitement annuel de 200 fr. par tete.
Les actes du gouvernement doivent etre soumis a la deliberation du
soviet, et publies ensuite selon la formule romaine: AU NOM DU SENAT ET
DU PEUPLE TSERNOGORSTE.
Telle etait la situation du Montenegro lorsque Danilo Petrovitj, a la
mort de Pierre II, ceignit la toge de vladika.
XV.
Le 17 mai 1850 au matin, les quatre canons qui defendent l'approche du
monastere ou reside le souverain du pays, saluerent de 121 coups la
sortie de la grande procession en tete de laquelle marchait le nouveau
vladika vetu des habits pontificaux, portant en baudrier un magnifique
damas couvert de pierres precieuses.
Les quatre canons qui saluaient l'avenement de Danilo ont ete pris aux
Turcs. Le Tsernogorste aime a entendre leurs detonations, que l'echo de
la montagne Noire repercute de vallee en vallee. Les Montenegrins
melaient des cris de joie au fracas de l'artillerie.
Entoure de trente _perianitj_ (guerriers ornes de plumet) qui lui
servent de garde et qui appartiennent aux plus illustres familles de la
montagne, le vladika sort de l'eglise, placee a cote de la poudriere et
se dirige du cote de la _Riznitsa_. C'est ce qu'on pourrait appeler la
salle du trone et le garde-meuble de la couronne; c'est la qu'on
conserve les armes des vieux heros tsernogorstes, les trophees enleves
aux pachas turcs.
Dans cette residence, moitie militaire, moitie sacerdotale, on voit cote
a cote un clocher, une imprimerie, une poudriere. Les ouvriers de
l'imprimerie font pleuvoir sur la foule des bulletins de la ceremonie
qui va avoir lieu.
Maintenant, de cette longue maison batie en pierre mais recouverte de
chaume, voyez sortir cette file de guerriers a l'aspect grave et
majestueux. Ce sont les sovietnik
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