et se mettra de nouveau a la
tete de ses fils, et renverra les Germains dans leurs humides et
nuageuses contrees.
En attendant, le Montenegro se contente de maintenir son independance.
Les tribus ou _plemes_ qui forment la nation sont au nombre de neuf,
formant autant de divisions territoriales, de _comtes_ comme disent les
Allemands; les chefs de ces tribus sont assez souvent hereditaires.
Les villages sont rares dans ce pays et composes d'un petit nombre
d'habitations; on ne compte au Montenegro qu'une seule ville,
_Niegouchi_, si on peut donner ce nom a une agglomeration de quelques
habitations occupees par les principales familles du pays. Niegouchi
est, pour ainsi dire, la ville sainte, le berceau du Montenegro. On y
montre la maison occupee par les fondateurs de la republique, par les
ancetres de la famille actuellement regnante, maison simple du reste, et
qui ne se distingue de celle des autres habitants que par ses dimensions
un peu plus considerables.
Le vladika et le senat siegent dans la forteresse de Tsetinie, situee
sur le plateau d'une haute montagne, au pied de laquelle s'etend une
immense plaine. C'est dans cette forteresse que se reunissent les
assemblees populaires, qui ont lieu tous les ans.
VIII.
Le Montenegro a dans les _piesmas_ une litterature avec laquelle on
pourrait facilement reconstruire toute son histoire. Un grand nombre de
ces chansons populaires celebrent les hauts faits de cet Ivo, dit le
Noir (Tsernoi), dont nous avons parle, et qui a donne son nom au pays
(Tsernogore).
C'est en depouillant ces _piesmas_ qu'on est parvenu a retracer les
annales du Montenegro. C'est vers 1500 seulement que le pays est habite
par une population permanente. Auparavant le Montenegro n'etait, comme
nous l'avons dit, qu'un immense lieu de refuge, d'abord pour
l'_haidouck_, c'est-a-dire pour le bandit, ensuite pour l'_ouskok_;
c'est le nom du proscrit, de l'exile, qui fixe enfin sa residence
quelque part. Au XIVe siecle les ouskoks se trouverent assez nombreux
pour passer a l'etat de peuple et pour fonder une nationalite. Rome
n'eut pas d'autre origine.
Ivo le Noir, apres avoir battu Mahomet II et rendu les services les plus
grands a la republique de Venise, finit enfin par eprouver de graves
revers. Force de fuir devant ses ennemis, il transporta les reliques et
les religieux du couvent et de la citadelle de Jabliak, et choisit la
position presque imprenable de Tsetinie pour y construi
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