mander au gouvernement. Ensuite, il faut un gros capital que
je n'ai pas. Vous imaginez-vous un peu quelle doit etre l'importance de
ce capital?
--Pas du tout; vous savez que je ne connais rien a ces choses.
--Eh bien, il faut pres d'un million; savez-vous que le Jockey a 130,000
francs de loyer, le Cercle agricole 90,000 francs, le Cercle imperial
200,000 francs, la Cremerie 45,000 francs, les Mirlitons 70,000? Au
Jockey, les gages du personnel coutent 60,000 francs, aux Ganaches
50,000 francs; au Jockey, la perte sur la table se chiffre par 40,000
francs, a l'Union par 15,000 francs. Les frais de premier etablissement
ne reviennent pas a moins de 300,000 francs; et cette somme ne suffit
pas en caisse, car il faut que cette caisse ait un capital respectable
sur lequel on puisse preter aux joueurs; le succes est la. Un joueur
qui a 500,000 francs au Comptoir d'escompte ou ailleurs ne tire pas un
billet de mille francs de sa poche pour jouer; il emprunte a la caisse
du Cercle; il ne faut donc pas que cette caisse reste jamais a sec, ou
la partie ne marche pas; et on ne va que la ou elle marche... follement.
J'avoue sans honte que je n'ai pas ce million. Alors j'apportais a ceux
qui veulent faire l'affaire et qui ne l'ont pas non plus, ce million,
les fonds dont je pouvais disposer. C'est pour cela que je vous ai
adresse ma demande. Mais maintenant je la retire, et je la remplace par
une autre: prenez la direction de la fondation du Cercle tel que je le
comprends, celui qui doit moraliser le jeu et pour sa part rendre a
Paris sa vie brillante, presentez la demande d'autorisation qui ne peut
pas etre refusee a un homme tel que vous, soyez son president.
--Moi!
--Parfaitement, vous, Constant Adeline, connu par son honorabilite et la
haute position qu'il occupe dans l'industrie, dans le commerce, dans la
politique, et vous groupez autour de votre nom cinq cents personnes...
(il hesita un moment cherchant son mot...) fieres de votre initiative.
Vous parliez l'autre jour, de grandes affaires que vous vouliez
entreprendre, par le seul fait de votre presidence elles viennent a
vous, et vous n'avez pas a aller a elles. Dans la politique vous etes un
centre; et on doit compter avec votre influence.
--Mais je n'ai rien de ce qu'il faut pour presider un cercle parisien,
moi, le plus provincial des provinciaux.
--C'est chez les provinciaux que se trouve maintenant la premiere
qualite qu'il faut pour presider un cercle a P
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