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d un ami de la maison amenait son chien, on me faisait un discours serieux en m'engageant a la politesse et en me rappelant les devoirs de l'hospitalite. On me disait son nom, on approchait sa figure de la mienne. On apaisait mes premiers grognements avec de bonnes paroles qui me rappelaient au respect de moi-meme. Alors, c'etait fini pour toujours, il n'y avait plus de querelles, ni meme de provocations; mais je dois dire que, sauf _Moutonne_, la chienne du berger, pour laquelle j'eus toujours une grande amitie et qui me defendait contre les chiens ameutes contre moi, je ne me liai jamais avec aucun animal de mon espece. Je les trouvais tous trop inferieurs a moi, meme les beaux chiens de chasse et les petits chiens savants qui avaient ete forces par les chatiments a maitriser leurs instincts. Moi qu'on avait toujours raisonne avec douceur, si j'etais, comme eux, esclave de mes passions a certains egards ou je n'avais a risquer que moi-meme, j'etais obeissant et sociable avec l'homme, parce qu'il me plaisait d'etre ainsi et que j'eusse rougi d'etre autrement. "Une seule fois je parus ingrat, et j'eprouvai un grand chagrin. Une maladie epidemique ravageait le pays, toute la famille partit emmenant les enfants, et, comme on craignait mes larmes, on ne m'avertit de rien. Un matin, je me trouvai seul avec le domestique, qui prit grand soin de moi, mais qui, preoccupe pour lui-meme, ne s'efforca pas de me consoler, ou ne sut pas s'y prendre. Je tombai dans le desespoir, cette maison deserte par un froid rigoureux etait pour moi comme un tombeau. Je n'ai jamais ete gros mangeur, mais je perdis completement l'appetit et je devins si maigre, que l'on eut pu voir a travers mes cotes. Enfin, apres un temps qui me parut bien long, ma vieille maitresse revint pour preparer le retour de la famille, et je ne compris pas pourquoi elle revenait seule; je crus que son fils et les enfants ne reviendraient jamais, et je n'eus pas le courage de lui faire la moindre caresse. Elle fit allumer du feu dans sa chambre et m'appela en m'invitant a me chauffer; puis elle se mit a ecrire pour donner des ordres et j'entendis qu'elle disait en parlant de moi: "--Vous ne l'avez donc pas nourri? Il est d'une maigreur effrayante; allez me chercher du pain et de la soupe. "Mais je refusai de manger. Le domestique parla de mon chagrin. Elle me caressa beaucoup et ne put me consoler, elle eut du me dire que les enfants se portaient bien et allaient r
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