hrope_ aurait ete achevee et sur l'affiche. A de pareilles
pretentions, appuyees de pareils dires, on n'a a opposer que le
judicieux dedain de Jean-Baptiste Rousseau qui, dans sa correspondance
avec d'Olivet et Brossette, a d'ailleurs le merite d'avoir fort bien
apprecie Moliere; la lettre du poete a M. Chauvelin sur le sujet qui
nous occupe vaut mieux, comme pensee, que les trois quarts de ses odes.
Ce qu'il faut reconnaitre, c'est que les imitations chez Moliere sont
de toute source et infinies; elles ont un caractere de loyaute en meme
temps que de sans-facon, quelque chose de cette premiere vie ou tout
etait en commun, bien qu'aussi d'ordinaire elles soient parfaitement
combinees et descendant quelquefois a de purs details. Plaute et Terence
pour des fables entieres, Straparole et Boccace pour des fonds de
sujets, Rabelais et Regnier pour des caracteres, Boisrobert et Rotrou et
Cyrano pour des scenes, Horace et Montaigne et Balzac pour de simples
phrases, tout y figure; mais tout s'y transforme, rien n'y est le meme.
La ou il imite le plus, qui donc pourrait se plaindre? a cote de Sosie
qu'il copie, ne voila-t-il pas Cleanthis qu'il invente? De telles
imitations, loin de nous refroidir envers notre poete, nous sont cheres;
nous aimons a les rechercher, a les poursuivre jusqu'au bout, dans un
interet de parente. Ces masques fameux de la bonne comedie, depuis
Plaute jusqu'a Patelin, ces malicieux conteurs de tous pays, ces
philosophes satiriques et ingenieux, nous les convoquons un moment
autour de notre auteur dans un groupe qu'il unit et ou il preside; les
moins considerables, les Boisrobert, les Sorel, les Cyrano, y sont meme
introduits a la faveur de ce qu'ils lui ont prete, de ce qui surtout les
recommande et les honore. Ces imitations, en un mot, ne sont le plus
souvent pour nous que le resume heureux de toute une famille d'esprits
et de tout un passe comique dans un nouveau type original et superieur,
comme un enfant aime du ciel qui, sous un air de jeunesse, exprime a la
fois tous ses aieux.
Chacune des pieces de Moliere, a les suivre dans l'ordre de leur
apparition, fournirait matiere a un historique etendu et interessant; ce
travail a deja ete fait, et trop bien, par d'autres, pour le reprendre;
ce serait presque toujours le copier.[8] Autour de _l'Ecole des Femmes_,
en 1662, et plus tard autour du _Tartufe_, il se livra des combats
comme precedemment il s'en etait livre autour du _Cid_, comme il s'en
renou
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