llier.[7]
_La scene est chez Madame Argante_.
ACTE I
SCENE PREMIERE.
DORANTE, ARLEQUIN.
ARLEQUIN, _introduisant Dorante_.
Ayez la bonte, Monsieur, de vous asseoir un moment dans cette salle;
Mademoiselle Marton est chez Madame, et ne tardera pas a descendre.
DORANTE.
Je vous suis oblige.
ARLEQUIN.
Si vous voulez, je vous tiendrai compagnie, de peur que l'ennui ne vous
prenne; nous discourrons en attendant.
DORANTE.
Je vous remercie; ce n'est pas la peine, ne vous detournez[8] point.
ARLEQUIN.
Voyez, Monsieur, n'en faites pas de facon:[9] nous avons ordre de Madame
d'etre honnete,[10] et vous etes temoin que je le suis.
DORANTE.
Non, vous dis-je; je serai bien aise d'etre un moment seul.
ARLEQUIN.
Excusez, Monsieur, et restez a votre fantaisie.
SCENE II.
DORANTE, DUBOIS, _entrant avec un air de mystere_.
DORANTE.
Ah! te voila?
DUBOIS.
Oui, je vous guettois.
DORANTE.
J'ai cru que je ne pourrais me debarrasser d'un domestique qui m'a
introduit ici, et qui vouloit absolument me desennuyer en restant. Dis-
moi, monsieur Remy n'est donc pas encore venu?
DUBOIS.
Non; mais voici l'heure a peu pres qu'il[11] vous a dit qu'il arriveroit.
(_Il cherche et regarde_.) N'y a-t-il la personne qui nous voie ensemble?
Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous
connoisse.
DORANTE.
Je ne vois personne.
DUBOIS.
Vous n'avez rien dit de notre projet a monsieur Remy, votre parent?
DORANTE.
Pas le moindre mot. Il me presente de la meilleure foi du monde, en
qualite d'intendant, a cette dame-ci, dont je lui ai parle, et dont il se
trouve le procureur[12]; il ne sait point du tout que c'est toi qui m'as
adresse a lui. Il la prevint hier; il m'a dit que je me rendisse ce matin
ici, qu'il me presenteroit a elle, qu'il y seroit avant moi, ou que, s'il
n'y etoit pas encore, je demandasse une mademoiselle Marton. Voila tout,
et je n'aurois garde de lui confier notre projet, non plus qu'a personne:
il me paroit extravagant a moi qui m'y prete. Je n'en suis pourtant pas
moins sensible a ta bonne volonte. Dubois, tu m'as servi, je n'ai pu te
garder, je n'ai pu meme te bien recompenser de ton zele; malgre cela, il
t'est venu dans l'esprit de faire ma fortune: en verite, il n'est point de
reconnoissance que je ne te doive.
DUBOIS.
Laissons cela, Monsieur; tenez, en un mot, je suis content de vous, vous
m'avez toujours plu; vous etes un ex
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