ieur Remy, celui qu'il vous a propose pour homme d'affaires.
ARAMINTE.
Ah! c'est la lui! Il a vraiment tres bonne facon.
MARTON.
Il est generalement estime, je le sais.
ARAMINTE.
Je n'ai pas de peine a le croire: il a tout l'air de le meriter. Mais,
Marton, il a si bonne mine, pour un intendant, que je me fais quelque
scrupule de le prendre: n'en dira-t-on rien?
MARTON.
Et que voulez-vous qu'on dise? Est-on oblige de n'avoir que des intendants
mal faits?
ARAMINTE.
Tu as raison. Dis-lui qu'il revienne. Il n'etoit pas necessaire de me
preparer a le recevoir: des que c'est monsieur Remy qui me le donne, c'en
est assez; je le prends.
MARTON, _comme s'en allant_.[26]
Vous ne sauriez mieux choisir. (_Et puis revenant_.) Etes-vous convenue du
parti [26] que vous lui faites? Monsieur Remy m'a charge de vous en
parler.
ARAMINTE.
Cela est inutile. Il n'y aura point de dispute la-dessus. Des que c'est un
honnete homme, il aura lieu d'etre content. Appelez-le.
MARTON, _hesitant de partir_.
On lui laissera ce petit appartement qui donne sur le jardin, n'est-ce
pas?
ARAMINTE.
Oui; comme il voudra. Qu'il vienne.
(_Marton va dans la coulisse_.)
SCENE VII.
DORANTE, ARAMINTE, MARTON.
MARTON.
Monsieur Dorante, Madame vous attend.
ARAMINTE.
Venez, Monsieur; je suis obligee a monsieur Remy d'avoir songe a moi.
Puisqu'il me donne son neveu, je ne doute pas que ce ne soit un present
qu'il me fasse. Un de mes amis me parla avant-hier d'un intendant qu'il
doit m'envoyer aujourd'hui; mais je m'en tiens a vous.
DORANTE.
J'espere, Madame, que mon zele justifiera la preference dont vous
m'honorez, et que je vous supplie de me conserver. Rien ne m'affligeroit
tant a present que de la perdre.
MARTON.
Madame n'a pas deux paroles.
ARAMINTE.
Non, Monsieur; c'est une affaire terminee, je renverrai tout.[28] Vous
etes au fait des affaires, apparemment; vous y avez travaille?
DORANTE.
Oui, Madame; mon pere etoit avocat, et je pourrois l'etre moi-meme.
ARAMINTE.
C'est-a-dire que vous etes un homme de tres bonne famille, et meme au-
dessus du parti[29] que vous prenez?
DORANTE.
Je ne sens rien qui m'humilie dans le parti que je prends, Madame;
l'honneur de servir une dame comme vous n'est au-dessous de qui que ce
soit, et je n'envierai la condition de personne.
ARAMINTE.
Mes facons ne vous feront point changer de sentiment. Vous trouverez ici
tous les egards
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