t de lui dont[21] j'ai parle a Madame pour intendant, et
je suis charme qu'il vous revienne.[22] Il vous a deja vue plus d'une fois
chez moi quand vous y etes venue; vous en souvenez-vous?
MARTON.
Non, je n'en ai point d'idee.
M. REMY.
On ne prend pas garde a tout. Savez-vous ce qu'il me dit la premiere fois
qu'il vous vit? "Quelle est cette jolie fille-la?" (_Marton sourit_.)
Approchez, mon neveu. Mademoiselle, votre pere et le sien s'aimoient
beaucoup; pourquoi les enfants ne s'aimeroient-ils pas? En voila un qui ne
demande pas mieux; c'est un coeur qui se presente bien.
DORANTE, _embarrasse_.
II n'y a rien la de difficile a croire.
M. REMY.
Voyez comme il vous regarde. Vous ne feriez pas la une si mauvaise
emplette.
MARTON.
J'en suis persuadee; Monsieur previent en sa faveur,[23] et il faudra
voir.
M. REMY.
Bon, bon! il faudra! Je ne m'en irai point que cela ne soit vu.
MARTON, _riant_.
Je craindrois d'aller trop vite.
DORANTE.
Vous importunez Mademoiselle, Monsieur.
MARTON, _riant_.
Je n'ai pourtant pas l'air si indocile.
M. REMY, _joyeux_.
Ah! je suis content, vous voila d'accord. Oh! ca, mes enfants (_il leur
prend les mains a tous deux_), je vous fiance en attendant mieux. Je ne
saurois rester; je reviendrai tantot. Je vous laisse le soin de presenter
votre futur a Madame. Adieu, ma niece.
(_Il sort_.)
MARTON, _riant_.
Adieu donc, mon oncle.
SCENE V.
MARTON, DORANTE.
MARTON.
En verite, tout ceci a l'air d'un songe. Comme monsieur Remy expedie!
Votre amour me paroit bien prompt: sera-t-il aussi durable?
DORANTE.
Autant l'un que l'autre, Mademoiselle.
MARTON.
Il s'est trop hate de partir. J'entends Madame qui vient, et comme,
graces[24] aux arrangements de monsieur Remy, vos interets sont presque
les miens, ayez la bonte d'aller un moment sur la terrasse, afin que je la
previenne.
DORANTE.
Volontiers, Mademoiselle.
MARTON, _en le voyant sortir_.
J'admire ce penchant dont on se prend tout d'un coup l'un pour l'autre.
SCENE VI.
ARAMINTE, MARTON.
ARAMINTE.
Marton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement,
et qui passe sur la terrasse? Est-ce a vous a qui il en veut?[25]
MARTON.
Non, Madame, c'est a vous-meme.
ARAMINTE, _d'un air assez vif_.
Eh bien! qu'on le fasse venir; pourquoi s'en va-t-il?
MARTON.
C'est qu'il a souhaite que je vous parlasse auparavant. C'est le neveu de
mons
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