l que vos conversations
avec moi, de si incroyable.
LE MARQUIS.
Comme votre aversion m'accommode![136]
LA COMTESSE.
Vous allez voir. Tenez, vous dites que vous m'aimez, n'est-ce pas? et je
vous crois. Mais voyons: que souhaiteriez-vous que je vous repondisse?
LE MARQUIS.
Ce que je souhaiterois? Voila qui est bien difficile[137] a deviner!
Parbleu! vous le savez de reste.[138]
LA COMTESSE.
Eh bien! ne l'ai-je pas dit? Est-ce la me repondre? Allez, Monsieur, je ne
vous aimerai jamais, non, jamais.
LE MARQUIS.
Tant pis, Madame tant pis. Je vous prie de trouver bon que j'en sois
fache.
LA COMTESSE.
Apprenez donc, lorsqu'on dit aux gens qu'on les aime, qu'il faut du moins
leur demander ce qu'ils en pensent.
LE MARQUIS.
Quelle chicane vous me faites!
LA COMTESSE.
Je n'y saurais tenir. Adieu.
LE MARQUIS.
Eh bien! Madame, je vous aime. Qu'en pensez-vous? Et, encore une fois,
qu'en pensez-vous?
LA COMTESSE.
Ah! ce que je pense?[139] Que je le veux bien, Monsieur; et, encore une
fois, que je le veux bien: car, si je ne m'y prenois pas de cette facon,
nous ne finirions jamais.
LE MARQUIS.
Ah! vous le voulez bien? Ah! je respire! Comtesse, donnez-moi votre main,
que je la baise.
SCENE DERNIERE.
LA COMTESSE, LE MARQUIS, HORTENSE, LE CHEVALIER, LISETTE, LEPINE.
HORTENSE.
Votre billet est-il pret, Marquis? Mais vous baisez la main de la
Comtesse, ce me semble?
LE MARQUIS.
Oui, c'est pour la remercier du peu de regret que j'ai aux[140] deux cent
mille francs que je vous donne.
HORTENSE.
Et moi, sans compliment, je vous remercie de vouloir bien les perdre.
LE CHEVALIER.
Nous voila donc contents. Que je vous embrasse, Marquis! (_A la
Comtesse._) Comtesse, voila le denouement que nous attendions.
LA COMTESSE, _en s'en allant_.
Eh bien! vous n'attendrez plus.
LISETTE, _a Lepine_.
Maraud, je crois, en effet, qu'il faudra que je t'epouse.
LEPINE.
Je l'avois entrepris.
* * * * *
LES FAUSSES CONFIDENCES
COMEDIE EN TROIS ACTES
_Representee pour la premiere fois par les Comediens Italiens
ordinaires du Roi, le 16 mars 1737._
ACTEURS.
ARAMINTE,[1] fille de Madame Argante.
DORANTE, neveu de Monsieur Remy.
Monsieur REMY,[2] procureur.[3]
Madame ARGANTE.[4]
ARLEQUIN,[5] valet d'Araminte.
DUBOIS,[6] ancien valet de Dorante.
MARTON, suivante d'Araminte.
LE COMTE.
Un DOMESTIQUE parlant
Un GARCON joai
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