tout le monde n'a
pu etre porte sur la liste.
-- Elle n'y est pas alors?
-- Non.
-- Quel dommage! Elle eut pu les gagner et les vendre.
-- Les vendre? s'ecria la reine.
-- Oui, cela lui aurait fait une dot, et elle n'eut pas ete
obligee de se marier sans trousseau, comme cela arrivera
probablement.
-- Ah bah! vraiment? Pauvre petite! dit la reine mere, n'a-t-elle
pas de robes?
Et elle prononca ces mots en femme qui n'a jamais pu savoir ce que
c'etait que la mediocrite.
-- Dame, voyez: je crois, Dieu me pardonne, qu'elle a la meme jupe
ce soir qu'elle avait ce matin a la promenade, et qu'elle aura pu
conserver, grace au soin que le roi a pris de la mettre a l'abri
de la pluie.
Au moment meme ou Madame prononcait ces paroles, le roi entrait.
Les deux princesses ne se fussent peut-etre point apercues de
cette arrivee, tant elles etaient occupees a medire. Mais Madame
vit tout a coup La Valliere, qui etait debout en face de la
galerie, se troubler et dire quelques mots aux courtisans qui
l'entouraient; ceux-ci s'ecarterent aussitot. Ce mouvement ramena
les yeux de Madame vers la porte. En ce moment, le capitaine des
gardes annonca le roi.
A cette annonce, La Valliere, qui jusque-la avait tenu les yeux
fixes sur la galerie, les abaissa tout a coup.
Le roi entra.
Il etait vetu avec une magnificence pleine de gout, et causait
avec Monsieur et le duc de Roquelaure, qui tenaient, Monsieur sa
droite, le duc de Roquelaure sa gauche.
Le roi s'avanca d'abord vers les reines, qu'il salua avec un
gracieux respect. Il prit la main de sa mere, qu'il baisa, adressa
quelques compliments a Madame sur l'elegance de sa toilette, et
commenca a faire le tour de l'assemblee.
La Valliere fut saluee comme les autres, pas plus, pas moins que
les autres.
Puis Sa Majeste revint a sa mere et a sa femme.
Lorsque les courtisans virent que le roi n'avait adresse qu'une
phrase banale a cette jeune fille si recherchee le matin, ils
tirerent sur-le-champ une conclusion de cette froideur.
Cette conclusion fut que le roi avait eu un caprice, mais que ce
caprice etait deja evanoui.
Cependant on eut du remarquer une chose, c'est que, pres de La
Valliere, au nombre des courtisans, se trouvait M. Fouquet, dont
la respectueuse politesse servit de maintien a la jeune fille, au
milieu des differentes emotions qui l'agitaient visiblement.
M. Fouquet s'appretait, au reste, a causer plus intimement avec
Mlle de La Val
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