ration ou chaque Etat conserva
sa liberte religieuse et politique (4 juillet 1776), rompit
irrevocablement avec l'Angleterre.
Les volontaires americains, sans magasins, sans ressources, ne purent
d'abord tenir tete aux vieux regiments qu'on envoyait contre eux. Howe
prit New-York, Rhode-Island. Washington, oblige de battre en retraite,
eut la douleur de voir un grand nombre de ses soldats l'abandonner.
Cependant il ne ceda le terrain que pied a pied et s'arreta apres le
passage de la Delaware. De la, il fit une tentative imprevue et d'une
audace remarquable. Il franchit le fleuve sur la glace pendant la nuit
du 25 decembre 1776, surprit a Trenton un corps de mille Allemands
commandes par Rahl, tua cet officier et fit ses soldats prisonniers.
Ce succes, qui degageait Philadelphie, releva l'esprit public. De
nouveaux miliciens accoururent de la Pensylvanie, et Washington,
reprenant l'offensive, forca Cornwallis a se replier jusqu'a
Brunswick.
La jeune noblesse francaise avait accueilli avec sympathie la nouvelle
de la revolte des colonies anglaises d'Amerique, autant par antipathie
pour l'Angleterre, qui l'avait vaincue dans la guerre de Sept-Ans, que
parce qu'elle etait penetree de l'esprit philosophique de son siecle.
Il faut pourtant reconnaitre que ni Louis XVI ni la Reine ne s'etaient
enthousiasmes pour la cause des Americains. Les idees d'independance
politique et de liberte religieuse, hautement proclamees de l'autre
cote de l'Atlantique, ne pouvaient guere trouver d'echo aupres d'un
trone base sur le droit divin et occupe par des Bourbons imbus des
principes de l'absolutisme. Cependant, les saines traditions de
Choiseul n'etaient pas completement oubliees. Les corsaires americains
avaient acces dans les ports francais et pouvaient acheter des
munitions a la Hollande. Silas Deane etait a Paris l'agent secret du
Congres et faisait passer sous main pour l'Amerique des munitions
et de vieilles armes qui furent peu utiles. Il est vrai que quand
l'ambassadeur anglais, lord Stormont, se plaignait a la Cour, celle-ci
niait les envois et chassait les corsaires de ses ports. Mais l'esprit
public etait contre l'Angleterre pour les colonies. Le mouvement
d'emigration des volontaires pour l'Amerique etait commence. Enfin
l'arrivee de Franklin, dont le sejour a Paris fut une ovation
perpetuelle, les violences commises par la marine anglaise sur les
marins francais, finirent par vaincre les repugnances de Louis XVI
et force
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