tune pour maintenir ses soldats sous ses ordres, et,
joignant la prudence au courage, il sut, par des marches forcees et
des retours subits, tellement fatiguer Cornwallis et harceler ses
troupes, que le general anglais, apres avoir meprise sa jeunesse, fut
force de redouter son habilete[107].
[Note 106: Bien que j'en sois maintenant arrive a la partie de mon
travail qui a plus particulierement ete le sujet de mes recherches,
j'ai cru devoir en donner ici un rapide resume, pour ne pas
interrompre brusquement cet apercu general.]
[Note 107: "La nation etait loin d'etre prete pour les eventualites.
Un esprit de lassitude et d'egoisme regnait dans le peuple. L'armee,
mal disciplinee et mal payee, etait tres-inquiete. Les milices de
Pensylvanie et de New-Jersey s'etaient revoltees au commencement de
l'annee. Le gouvernement etait encore impuissant, la Confederation
faible, le Congres inerte, quoique existant toujours. Quand on lit que
ce corps etait pret a livrer le Mississipi a l'Espagne, bien plus, a
abandonner la reconnaissance expresse de l'Independance de l'Amerique,
comme le preliminaire indispensable des negociations avec la
Grande-Bretagne, quand on lit cela, on peut bien se figurer qu'il y
avait quelques preparatifs pour se soumettre aux exigences du moment.
Le baron allemand de Steuben, qui rassemblait des troupes en Virginie
au moment de l'invasion, fut rejoint apres par La Fayette, dont les
troupes avaient ete habillees pendant la marche aux frais de celui-ci.
Sur mer, la flotte francaise etait occupee a defendre les cotes contre
les envahisseurs. Il semble que les etrangers etaient les seuls
defenseurs de la Virginie et de l'Amerique." Voir l'excellent et
tres-exact resume intitule:
_Manual of United States History_, by Samuel Eliot. Boston, 1856,
258.]
Tout a coup, les troupes de Rochambeau quittent leur position de
New-Port et de Providence, ou etaient etablis leurs quartiers d'hiver,
et s'avancent vers Hartford. Washington arrete quelque temps l'armee
coalisee devant l'ile de New-York. Il fait des reconnaissances devant
la place et entretient son adversaire dans cette idee qu'il va diriger
tous ses efforts contre cette ville. Mais il n'attendait que la
promesse du concours de la flotte pour changer ses dispositions.
Le comte de Barras arrive de France sur la _Concorde_. Il venait
remplacer dans son commandement le chevalier de Ternay, et etait
accompagne du vicomte de Rochambeau, qui avait ete charge
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