mmes. (Blanchard.)]
Le general Heath, qui commandait les milices dans l'Etat de
Rhode-Island, annonca le 11 juillet l'arrivee de l'escadre francaise
au general Washington, qui se trouvait alors avec son etat-major
a Bergen. M. de La Fayette partit presque aussitot, muni des
instructions du general en chef, en date du 15, pour se rendre
aupres du general et de l'amiral francais et se concerter avec eux.
Washington projetait depuis quelque temps un plan d'operations
offensives pour la reduction de la ville et de la garnison de
New-York. Ce plan, conforme du reste aux desirs du gouvernement
francais, ne devait s'executer qu'a plusieurs conditions. Il fallait
d'abord que les troupes francaises fissent leur jonction avec les
troupes americaines, puis que les Francais eussent une superiorite
maritime sur les forces des amiraux Graves et Arbuthnot, qui avaient
opere leur jonction devant New-York le lendemain de l'arrivee des
Francais a Newport. Cette derniere condition etait loin d'etre
remplie. On avait appris en effet que le corps expeditionnaire n'avait
echappe aux atteintes de Graves que grace a la tempete qui, des le
debut, l'avait oblige a rentrer dans Plymouth, puis parce qu'il
avait pris pres des Acores un vaisseau de la compagnie des Indes, le
_Farges_, et l'avait remorque pendant une partie de sa route, ce qui
avait ralenti sa marche et retarde sa jonction avec Arbuthnot.
Il etait donc difficile de mettre a execution le plan projete contre
New-York. Bien qu'en principe il fut accepte par M. de Rochambeau et
M. de Ternay, ils n'admettaient ni l'un ni l'autre la possibilite de
son execution immediate et ils resisterent longtemps sur ce point aux
desirs de Washington et aux instances de La Fayette. M. de Rochambeau
ecrivit meme a la date du 27 aout a ce dernier, qui lui reprochait son
inaction et l'inutilite de sa presence a Rhode-Island:
"Permettez, mon cher marquis, a un vieux pere de vous repondre comme a
un fils tendre qu'il aime et estime infiniment....
"C'est toujours bien fait, mon cher marquis, de croire les Francais
invincibles; mais je vais vous confier un grand secret, d'apres une
experience de quarante ans: il n'y en a pas de plus aises a battre
quand ils ont perdu la confiance en leurs chefs, et ils la perdent
tout de suite quand ils ont ete compromis a la suite de l'ambition
particuliere et personnelle. Si j'ai ete assez heureux pour conserver
la leur jusqu'ici, je le dois a l'examen le plus scrupu
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