l'avait vue
et aimee a Margency.
"Ma fille!" balbutia-t-il.
Loise, toute frissonnante de sanglots, se laissa aller dans les bras
du marechal et, pour la premiere fois de sa vie, avec un inexprimable
ravissement mele d'une infinie douceur, elle prononca ce mot auquel ses
levres n'etaient pas accoutumees...
"Mon pere!..."
Alors, leurs larmes se confondirent. Le marechal s'assit pres de Jeanne
dont il garda une main dans sa main, et prenant sa fille sur ses genoux,
comme si elle eut ete toute petite, il dit gravement:
"Mon enfant, tu n'as plus de mere... mais, dans le moment meme ou ce
grand malheur te frappe, tu retrouves un pere..."
Ce fut ainsi que ces trois etres se trouverent reunis.
Lorsque le marechal et Loise eurent repris un peu de calme a force de
se repeter qu'a eux deux ils arriveraient a sauver la raison de Jeanne,
lorsque leurs larmes furent apaisees, ce furent de part et d'autre les
questions sans fin.
Et Francois apprit ainsi par sa fille, en un long recit souvent
interrompu, quelle avait ete l'existence de celle qui avait porte son
nom...
A son tour, il raconta sa vie, depuis le drame de Margency.
Et au moment ou, enlaces, ils deposerent sur le front pale de Jeanne
leur double baiser, il etait pres de minuit.
II
OU LA PROMESSE DE PARDAILLAN PERE EST TENUE PAR MAITRE GILLES
Le marechal de Damville, apres avoir assiste a l'investissement de la
maison de la rue Montmartre, s'etait empresse de regagner l'hotel de
Mesmes.
Il tenait les deux Pardaillan et se promettait de ne pas les laisser
echapper.
En effet, la mort seule de ces deux hommes pouvait lui garantir sa
propre securite. Ils etaient tous les deux possesseurs d'un secret qui
pouvait l'envoyer a t'echafaud.
Lorsque, persuade que le vieux Pardaillan avait suivi la voiture qui
enlevait Jeanne de Piennes, le marechal s'etait decide a rompre avec
lui, il avait en meme temps decide de supprimer ce dangereux auxiliaire.
Il se privait ainsi d'un aide precieux.
Mais il y gagnait une certaine tranquillite en ce qui concernait ses
prisonnieres.
Damville s'etait jete dans la conspiration de Guise uniquement en haine
de son frere: pour acquerir Damville, Guise avait promis la mort de
Montmorency. Francois mort, assassine par quelque bon proces, Henri
devenait le chef de la maison, l'unique heritier, un seigneur presque
aussi puissant et peut-etre plus riche que le roi; on lui donnait l'epee
de connetable qu'avait i
|