, il etait bien resolu a obtenir un ordre du roi, a revenir
lui-meme faire le siege de la maison, de tuer de sa main les deux
Pardaillan.
Il voulait avant tout savoir comment le vieux Pardaillan, qu'il avait
laisse pour mort au fond de sa cave, se trouvait parfaitement en vie,
et comment Gilles avait pu laisser Jeanne de Piennes s'echapper de chez
Alice.
Il avait cede a la priere menacante de Jeanne en lui disant: "Ces
deux hommes sont a vous, prenez-les!" Mais, en cedant, il s'etait dit
simplement qu'ainsi il les tenait tous quatre et qu'il les reprendrait
dans un seul coup de filet.
Malgre ces assurances qu'il se donnait a lui-meme, il se sentait devore
d'inquietude et, lorsqu'il atteignit l'hotel de Mesmes, il ecumait de
rage.
Il parcourut rapidement l'hotel sans retrouver personne.
"Fou que je suis! gronda-t-il, le miserable Gilles doit se trouver lui
aussi aux Fosses-Montmartre!... a moins qu'il n'ait fui!..."
Il allait rebrousser chemin et sortir lorsqu'il eut l'idee de pousser
jusqu'a l'office.
Il lui fallut pour cela longer ce corridor ou se trouvait la porte de la
fameuse cave et ou avait eu lieu la grande bataille de Pardaillan.
Or, en passant devant la cave, le marechal vit la porte ouverte.
Il se pencha et apercut une faible lueur.
"Si ce pouvait etre lui!" grinca-t-il entre ses dents. Cette cave qui
eut du etre la tombe de Pardaillan deviendrait celle de Gilles, voila
tout. Il n'y aurait que le cadavre de change!
Il descendit avec precaution.
A mesure qu'il descendait, l'interieur de la cave lui apparaissait plus
nettement.
Un spectacle etrange, presque fantastique, s'offrit a sa vue.
Il se glissa alors sans bruit dans un angle obscur pour ne rien perdre
du spectacle en question.
La scene que nous allons retracer et qui se deroula sous les yeux du
marechal, etait eclairee par une torche de resine qui tracait un cercle
de lumiere, tandis que le restant de la vaste cave demeurait plonge dans
les tenebres.
Dans ce cercle de lumiere, eclaire par les lueurs fumeuses de la torche,
apparaissaient deux hommes.
L'un d'eux etait debout, attache par des cordes a une espece de poteau
de torture.
L'autre etait assis sur un billot de bois, en face du patient.
Celui qui etait attache au poteau etait assez jeune encore; il avait une
figure bleme de terreur et poussait des gemissements a fendre l'ame la
plus dure.
L'autre etait un vieillard a physionomie demoniaque; une espece
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