ant elle pour tacher d'emouvoir sa
pitie; mais les gardes les en empecherent, et la reine passa
hautaine et fiere sans ecouter leurs clameurs.
L'apres-midi, il y avait eu conseil de nouveau; et la on avait
decide que l'on maintiendrait l'autorite du roi: en consequence,
le parlement fut convoque pour le lendemain, 12.
Ce jour, celui pendant la soiree duquel nous ouvrons cette
nouvelle histoire, le roi, alors age de dix ans, et qui venait
d'avoir la petite verole, avait, sous pretexte d'aller rendre
grace a Notre-Dame de son retablissement, mis sur pied ses gardes,
ses Suisses et ses mousquetaires, et les avait echelonnes autour
du Palais-Royal, sur les quais et sur le Pont-Neuf, et, apres la
messe entendue, il etait passe au parlement, ou, sur un lit de
justice improvise, il avait non seulement maintenu ses edits
passes, mais encore en avait rendu cinq ou six nouveaux, tous, dit
le cardinal de Retz, plus ruineux les uns que les autres. Si bien
que le premier president, qui, on a pu le voir, etait les jours
precedents pour la cour, s'etait cependant eleve fort hardiment
sur cette maniere de mener le roi au Palais pour surprendre et
forcer la liberte des suffrages.
Mais ceux qui surtout s'eleverent fortement contre les nouveaux
impots, ce furent le president Blancmesnil et le conseiller
Broussel.
Ces edits rendus, le roi rentra au Palais-Royal. Une grande
multitude de peuple etait sur sa route; mais comme on savait qu'il
venait du parlement, et qu'on ignorait s'il y avait ete pour y
rendre justice au peuple ou pour l'opprimer de nouveau, pas un
seul cri de joie ne retentit sur son passage pour le feliciter de
son retour a la sante. Tous les visages, au contraire, etaient
mornes et inquiets; quelques-uns meme etaient menacants.
Malgre son retour, les troupes resterent sur place: on avait
craint qu'une emeute n'eclatat quand on connaitrait le resultat de
la seance du parlement: et, en effet, a peine le bruit se fut-il
repandu dans les rues qu'au lieu d'alleger les impots, le roi les
avait augmentes, que des groupes se formerent et que de grandes
clameurs retentirent, criant: "A bas le Mazarin! vive Broussel!
vive Blancmesnil!" car le peuple avait su que Broussel et
Blancmesnil avaient parle en sa faveur; et quoique leur eloquence
eut ete perdue, il ne leur en savait pas moins bon gre.
On avait voulu dissiper ces groupes, on avait voulu faire taire
ces cris, et, comme cela arrive en pareil cas, les groupes
s'
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