trouvee!
-- Mais je ne vous dis pas que ce soit la cause de votre
arrestation; entendons-nous, je vous fais cette question, voila
tout: n'avez-vous pas refuse d'aller a Bruxelles pour le service
de la reine, tandis que vous aviez consenti a y aller pour le
service du feu cardinal?
-- C'est justement parce que j'y avais ete pour le service du feu
cardinal, que je ne pouvais y retourner pour celui de la reine.
J'avais ete a Bruxelles dans une circonstance terrible. C'etait
lors de la conspiration de Chalais. J'y avais ete pour surprendre
la correspondance de Chalais avec l'archiduc, et deja a cette
epoque, lorsque je fus reconnu, je faillis y etre mis en pieces.
Comment vouliez-vous que j'y retournasse! je perdais la reine au
lieu de la servir.
-- Eh bien, vous comprenez, voici comment les meilleures
intentions sont mal interpretees, mon cher monsieur de Rochefort.
La reine n'a vu dans votre refus qu'un refus pur et simple; elle
avait eu fort a se plaindre de vous sous le feu cardinal, Sa
Majeste la reine! Rochefort sourit avec mepris.
-- C'etait justement parce que j'avais bien servi M. le cardinal
de Richelieu contre la reine, que, lui mort, vous deviez
comprendre, Monseigneur, que je vous servirais bien contre tout le
monde.
-- Moi, monsieur de Rochefort, dit Mazarin, moi, je ne suis pas
comme M. de Richelieu, qui visait a la toute-puissance; je suis un
simple ministre qui n'a pas besoin de serviteurs etant celui de la
reine. Or, Sa Majeste est tres susceptible; elle aura su votre
refus, elle l'aura pris pour une declaration de guerre, et elle
m'aura, sachant combien vous etes un homme superieur et par
consequent dangereux, mon cher monsieur de Rochefort, elle m'aura
ordonne de m'assurer de vous. Voila comment vous vous trouvez a la
Bastille.
Eh bien, Monseigneur, il me semble, dit Rochefort, que si c'est
par erreur que je me trouve a la Bastille...
-- Oui, oui, reprit Mazarin, certainement tout cela peut
s'arranger; vous etes homme a comprendre certaines affaires, vous,
et, une fois ces affaires comprises, a les bien pousser.
-- C'etait l'avis de M. le cardinal de Richelieu, et mon
admiration pour ce grand homme s'augmente encore de ce que vous
voulez bien me dire que c'est aussi le votre.
-- C'est vrai, reprit Mazarin, M. le cardinal avait beaucoup de
politique, c'est ce qui faisait sa grande superiorite sur moi, qui
suis un homme tout simple et sans detours; c'est ce qui me nuit,
j'ai une fra
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