de oie
entonna le meme refrain, puis la troisieme, puis la quatrieme, puis
enfin toute la troupe, de sorte qu'il n'y eut bientot plus qu'un concert
de caa-caa-caa!
Et maitre renard qui avait donne sa parole, dut attendre qu'elles
eussent fini leur caquetage.
Nous devrons faire comme lui pour connaitre la suite de ce conte. Par
malheur, les oies caquettent encore toujours, d'ou je conclus qu'elles
ne sont pas aussi betes qu'on veut bien le dire.
LE RENARD ET LE CHAT.
Un jour le chat rencontra messire le renard au fond d'un bois, et comme
il le connaissait pour un personnage adroit, experimente, et fort en
credit dans le monde, il l'aborda avec une grande politesse:
--Bonjour, monsieur le renard, lui dit-il; comment vous portez-vous?
etes-vous content de vos affaires? comment faites-vous dans ce temps de
disette?
Le renard, tout gonfle d'orgueil, toisa de la tete aux pieds le pauvre
chat, et sembla se demander pendant quelques instants s'il daignerait
l'honorer d'une reponse. Il s'y decida pourtant a la fin:
--Pauvre here que tu es! repliqua-t-il d'un ton de mepris, miserable
meurt-de-faim, infime et ridicule chasseur de souris, d'ou te vient
aujourd'hui tant d'audace? Tu oses te faire l'honneur de me demander
comment je me porte? Mais pour te permettre de me questionner, quelles
sont donc les connaissances que tu possedes? de combien d'arts
connais-tu les secrets?
--Je n'en connais qu'un seul, repondit le chat d'un air modeste et
confus.
--Et quel est cet art? demanda le renard avec arrogance.
--Quand les chiens sont a ma poursuite, repartit le chat, je sais leur
echapper en grimpant sur un arbre.
--Est-ce la tout? reprit le renard. Moi, je suis passe docteur en cent
arts divers; mais ce n'est rien encore: je possede en outre un sac tout
rempli de ruses. En verite, j'ai compassion de toi; suis-moi, et je
t'apprendrai comment on echappe aux chiens.
Comme il achevait ces mots, un chasseur, precede de quatre dogues
vigoureux, parut au bout du sentier. Le chat s'empressa de sauter sur un
arbre, et alla se fourrer dans les branches les plus touffues, si bien
qu'il etait entierement cache.
Hatez-vous de delier votre sac! hatez-vous d'ouvrir votre sac! cria-t-il
au renard.
Mais deja les chiens s'etaient precipites sur ce dernier, et le tenaient
entre leurs crocs.
--Eh! monsieur le renard, cria de nouveau le chat, vous voila bien
embourbe avec vos cent arts divers! Si vous n'aviez su q
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