-moi une grande feuille de papier blanc.
Puis le jeune garcon fit avec une plume un si grand nombre de petits
points serres sur toute la surface du papier, et si fins, qu'on les
apercevait a peine et qu'il etait de toute impossibilite de les compter;
rien qu'a vouloir l'essayer, les yeux etaient eblouis. Cette besogne
terminee, il dit au roi:
--Il y a autant d'etoiles dans le ciel, que de points sur cette feuille
de papier; daignez les compter.
Personne n'y put reussir.
Le roi prenant de nouveau la parole:
--Ma troisieme question a pour but de savoir de combien de secondes se
compose l'eternite.
Le jeune patre repondit:
--Au dela de la Pomeranie se trouve la montagne de diamant. Cette
montagne a une lieue de hauteur, une lieue de largeur et une lieue de
profondeur. Tous les cent ans, un oiseau vient s'y poser, gratte la
montagne avec son bec et enleve une parcelle de diamant; quand il aura
de la sorte fait disparaitre le mont tout entier, la premiere seconde de
l'eternite sera ecoulee.
Le roi repartit:
--Tu as repondu comme un sage a mes trois questions; desormais tu
resteras pres de moi dans mon palais, et je te regarderai comme mon
fils.
LE PAYSAN ET LE DIABLE.
Il y avait une fois un paysan adroit et ruse, dont les bons tours
etaient connus a plusieurs lieues a la ronde. La plus plaisante de ses
malices est celle a laquelle le diable lui-meme se laissa prendre, a sa
grande confusion.
Un soir que notre paysan se disposait a regagner son logis, apres avoir
laboure son champ pendant une bonne partie de la journee, il apercut,
au milieu des sillons qu'il avait traces, un petit tas de charbons
embrases.
Il s'en approcha plein d'etonnement, et vit un petit diable tout noir,
qui etait assis au milieu des braises ardentes.
--Il me semble que tu es assis sur ton tresor, lui dit le paysan.
--Tu devines juste, repondit le diable, sur mon tresor qui contient plus
d'or et d'argent que tu n'en as vu depuis que tu es au monde.
--Ce tresor se trouve dans mon champ; en consequence, il m'appartient,
reprit le paysan.
--Il est a toi, repartit le diable, si pendant deux annees tu consens
a partager ta recolte avec moi: j'ai assez d'argent comme cela, je
desirerais maintenant posseder quelques fruits de la terre.
Le paysan accepta le marche.
--Pour eviter toute contestation lorsque viendra le partage, ajouta
le rustre matois, il sera entendu que tout ce qui sera sur terre
t'appartiendr
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