de mort. Souvenez-vous seulement d'une chose, c'est qu'il faut que
vous mouriez.
Notre homme repondit:
--Puisqu'il est entendu que je dois mourir, tout en deplorant la rigueur
d'un destin cruel, je vous avouerai franchement que mourir de vieillesse
m'a toujours paru la mort la plus douce; aussi est-ce pour cette mort-la
que je me decide, puisque le prince a la bonte de me permettre de
choisir.
On eut beau lui faire tous les raisonnements du monde, rien n'ebranla
son opinion; comme le prince avait donne sa parole, et qu'il n'etait
pas homme a y manquer, on se vit donc force de rendre la liberte au
condamne, et d'attendre que la vieillesse se chargeat de mettre a
execution l'arret porte contre lui.
LE CHOIX D'UNE FEMME.
Un jeune paysan desirait se marier. Il connaissait trois soeurs
egalement belles, si bien qu'il etait embarrasse de savoir sur laquelle
des trois il ferait tomber son choix. Il demanda conseil a sa mere, qui
lui dit:
--Invite-les toutes les trois a une petite collation, et aie soin de
placer du fromage sur la table; puis observe attentivement de quelle
maniere elles le couperont.
Le jeune homme fit comme sa mere lui avait dit.
La premiere des trois soeurs enleva son morceau de fromage avec la
croute.
La seconde s'empressa de separer la croute de son morceau; mais dans
son empressement elle en coupa la croute, de telle sorte, qu'il y resta
encore beaucoup de fromage.
La troisieme detacha la croute avec soin, si bien qu'elle ne rejeta de
son morceau ni trop, ni trop peu.
Le jeune paysan raconta a sa mere le resultat de ses observations.
--C'est la troisieme qu'il te faut prendre pour femme, lui dit-elle.
Il suivit ce conseil, et fut un mari heureux et content.
LE MEILLEUR SOUHAIT.
Trois joyeux compagnons etaient attables a l'auberge de l'Agneau,
a Kehl, mangeant et buvant; et tandis qu'ils vidaient une derniere
bouteille, ils se mirent bientot a bavarder a faire tort et a travers,
puis enfin a des souhaits. Il fut decide que chacun formerait un voeu:
celui qui emettrait le meilleur souhait, devait etre dispense de payer
son ecot.
Le premier prenant la parole:
--Je souhaite donc, dit-il, que tous les fosses des fortifications de
Strasbourg et de Kehl soient remplis de fines aiguilles, et que chacune
de ces aiguilles soit placee entre les doigts agiles d'un tailleur, et
que chacun de ces doigts soit occupe du matin au soir pendant une annee,
a me confec
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