a; a moi, au contraire, tout ce qui sera au-dessous du sol.
Le diable souscrivit volontiers a ces conditions. Cependant notre ruse
paysan sema tout son champ de raves. Quand l'epoque de la recolte fut
arrivee, le diable se presenta et voulut emporter sa part du produit,
mais il ne trouva que des feuilles jaunes et fletries. Quant au paysan,
il deterra tout joyeux ses raves.
--L'avantage a ete pour toi cette fois-ci, dit le diable, mais la fois
prochaine ce sera mon tour. J'entends qu'a la future recolte ce qui se
trouvera sous terre m'appartienne; a toi, au contraire, ce qui sera
au-dessus du sol.
--C'est dit, repondit le paysan.
Cependant quand le temps des semailles fut venu, le paysan sema, non
plus des raves, mais du froment. La moisson etant mure, notre ruse
compere retourna au champ et coupa au pied les tiges des epis, si bien
que lorsque le diable arriva a son tour, il ne trouva plus que les
pointes de la paille et les racines. Dans sa rage et sa confusion, il
alla se cacher au fond d'un abime.
C'est ainsi qu'il faut berner les renards, dit le paysan, en allant
ramasser son tresor.
LES TROIS VIEUX.
Le nouveau pasteur du village d'Oest, passant un jour devant une ferme
dependante de sa commune, mais situee a l'ecart au milieu des champs,
apercut, assis sur un banc de pierre aupres de la porte, un vieillard en
cheveux blancs qui pleurait a chaudes larmes.
--Qu'avez-vous donc, pour vous desoler ainsi? lui demanda avec interet
le bon pasteur.
--Helas! repondit en sanglotant le vieillard, je pleure parce que mon
pere m'a battu!
Ces paroles, comme bien on pense, exciterent au plus haut point
l'etonnement du venerable pasteur. Il se hata de descendre de cheval, et
d'entrer dans la maison. A peine franchissait-il le seuil, qu'il apercut
un autre vieillard beaucoup plus age que le premier, et dont les traits
annoncaient une agitation violente.
--Qui peut vous emouvoir ainsi, mon pere? lui demanda avec interet le
bon pasteur.
--Ne m'en parlez pas! repondit le vieillard encore tout tremblant de
colere! est-ce que mon etourdi de fils n'a pas eu la maladresse de faire
tomber mon pere!
Pour le coup, le bon pasteur ne voulait point croire ses oreilles, mais
il dut bien se rendre au temoignage de ses yeux qui, en se tournant
vers la cheminee, apercurent assis dans un fauteuil au bord du feu un
troisieme vieillard au dos tout voute par l'age mais d'un air encore
vigoureux.
--A coup sur, s
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