empli. Aussi regardait-il tristement du cote de la table, et des larmes
roulaient sous ses paupieres; si bien qu'un autre jour, echappant a ses
mains tremblantes, le plat se brisa sur le parquet.
Les jeunes gens le gronderent, et le vieillard poussa un soupir; alors
ils lui donnerent pour manger une ecuelle de bois.
Or, un soir qu'ils soupaient a table, tandis que le bonhomme etait dans
son coin, ils virent leur fils, age de quatre ans, assembler par terre
de petites planches.
--Que fais-tu la? lui demanderent-ils.
--Une petite ecuelle, repondit le garcon, pour faire manger papa et
maman quand je serai marie.....
L'homme et la femme se regarderent en silence...; des larmes leur
vinrent aux yeux. Ils rappelerent entre eux l'aieul qui ne quitta plus
la table de famille.
LES TROIS FAINEANTS.
Un roi avait trois fils qu'il aimait egalement, et il ne savait auquel
d'entre eux laisser sa couronne. Lorsqu'il se sentit pres de mourir, il
les fit venir, et leur dit:
--Mes chers enfants, il est temps que je vous fasse connaitre ma
derniere volonte: j'ai decide que celui d'entre vous qui serait le plus
faineant, heriterait de mes etats.
A ces mots, l'aine prenant la parole:
--C'est donc a moi, mon pere, dit-il, que revient votre sceptre; car je
suis tellement faineant, que, le soir, j'ai beau tomber de fatigue et de
sommeil, je n'ai pas le courage de fermer mes yeux pour dormir.
Le cadet dit a son tour:
--C'est donc a moi, mon pere, qu'appartient votre couronne, car je suis
si faineant, que lorsque je me trouve assis devant le feu, et que je
sens la flamme me bruler les jambes, j'aime mieux les laisser rotir, que
de faire un mouvement pour les retirer.
Le troisieme reprit:
--Mon pere, personne plus que moi n'a droit a vous succeder, car telle
est ma faineantise que si j'etais condamne a etre pendu, que j'eusse
deja la corde autour du cou, et qu'au moment d'etre etrangle, que
quelqu'un me tendit un couteau pour couper la corde, je prefererais
subir mon triste sort plutot que de me deranger pour prendre ce couteau.
Le roi repondit aussitot;
--C'est a toi que revient ma couronne.
LE CLOU.
Un marchand avait fait de bonnes affaires a la foire; il avait vendu
toutes ses marchandises, et bien garni son sac de monnaies d'or et
d'argent. Il s'etait mis en route vers sa demeure ou il desirait arriver
ce meme jour encore avant la tombee de la nuit. Il cheminait donc a
cheval, son lourd
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