ut de
votre amour, votre amitie ne me fera pas defaut. Je compte sur
vous, comme de votre cote vous pouvez compter sur moi. Adieu,
madame.
Et Henri baisa la main de sa femme en la pressant doucement; puis,
d'un pas agile, il retourna chez lui en se disant tout bas dans le
corridor:
-- Qui diable est chez elle? Est-ce le roi, est-ce le duc d'Anjou,
est-ce le duc d'Alencon, est-ce le duc de Guise, est-ce un frere,
est-ce un amant, est-ce l'un et l'autre? En verite, je suis
presque fache d'avoir demande maintenant ce rendez-vous a la
baronne; mais puisque je lui ai engage ma parole et que Dariole
m'attend... n'importe; elle perdra un peu, j'en ai peur, a ce que
j'ai passe par la chambre a coucher de ma femme pour aller chez
elle, car, ventre-saint-gris! cette Margot, comme l'appelle mon
beau-frere Charles IX, est une adorable creature.
Et d'un pas dans lequel se trahissait une legere hesitation Henri
de Navarre monta l'escalier qui conduisait a l'appartement de
madame de Sauve.
Marguerite l'avait suivi des yeux jusqu'a ce qu'il eut disparu, et
alors elle etait rentree dans sa chambre. Elle trouva le duc a la
porte du cabinet: cette vue lui inspira presque un remords.
De son cote le duc etait grave, et son sourcil fronce denoncait
une amere preoccupation.
-- Marguerite est neutre aujourd'hui, dit-il, Marguerite sera
hostile dans huit jours.
-- Ah! vous avez ecoute? dit Marguerite.
-- Que vouliez-vous que je fisse dans ce cabinet?
-- Et vous trouvez que je me suis conduite autrement que devait se
conduire la reine de Navarre?
-- Non, mais autrement que devait se conduire la maitresse du duc
de Guise.
-- Monsieur, repondit la reine, je puis ne pas aimer mon mari,
mais personne n'a le droit d'exiger de moi que je le trahisse. De
bonne foi, trahiriez-vous le secret de la princesse de Porcian,
votre femme?
-- Allons, allons, madame, dit le duc en secouant la tete, c'est
bien. Je vois que vous ne m'aimez plus comme aux jours ou vous me
racontiez ce que tramait le roi contre moi et les miens.
-- Le roi etait le fort et vous etiez les faibles. Henri est le
faible et vous etes les forts. Je joue toujours le meme role, vous
le voyez bien.
-- Seulement vous passez d'un camp a l'autre.
-- C'est un droit que j'ai acquis, monsieur, en vous sauvant la
vie.
-- Bien, madame; et comme quand on se separe on se rend entre
amants tout ce qu'on s'est donne, je vous sauverai la vie a mon
tour, si l'occasi
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