FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68  
69   70   71   >>  
ons ensemble dans le parc. Il s'arretait brusquement devant les clairieres ou flottait cette vapeur blanche, cette ouate dont la lune garnit les eclaircies des bois; et il me disait, en me serrant la main: "Regarde ca, regarde ca. Mais tu ne me comprends pas, je le sens. Si tu comprenais, nous serions heureux. Il faut aimer pour savoir." Je riais et je l'embrassais, ce gamin, qui m'adorait a en mourir. "Souvent aussi, apres le diner, il allait s'asseoir sur les genoux de ma mere: "Allons, tante, lui disait-il, raconte-nous des histoires d'amour." Et ma mere, par plaisanterie, lui disait toutes les legendes de sa famille, toutes les aventures passionnees de ses peres; car on en citait des mille et des mille, de vraies et de fausses. C'est leur reputation qui les a tous perdus, ces hommes; ils se montaient la tete et se faisaient gloire ensuite de ne point laisser mentir la renommee de leur maison. "Il s'exaltait, le petit, a ces recits tendres ou terribles, et parfois il battait des mains en repetant: "Moi aussi, moi aussi, je sais aimer mieux qu'eux tous!" "Alors il me fit la cour, une cour timide et profondement tendre dont on riait, tant c'etait drole. Chaque matin, j'avais des fleurs cueillies par lui, et, chaque soir, avant de remonter dans sa chambre, il me baisait la main en murmurant: "Je t'aime!" "Je fus coupable, bien coupable, et j'en pleure encore sans cesse, et j'en ai fait penitence toute ma vie; et je suis restee vieille fille, ou plutot non, je suis restee comme fiancee-veuve, veuve de lui. Je m'amusai de cette tendresse puerile, je l'excitais meme; je fus coquette, seduisante, comme aupres d'un homme, caressante et perfide. J'affolai cet enfant. C'etait un jeu pour moi, et un divertissement joyeux pour sa mere et pour la mienne. Il avait douze ans! Songez! qui donc aurait pris au serieux cette passion d'atome? Je l'embrassais tant qu'il voulait; je lui ecrivis meme des billets doux que lisaient nos meres; et il me repondait des lettres, des lettres de feu, que j'ai gardees. Il croyait secrete notre intimite d'amour, se jugeant un homme. Nous avions oublie qu'il etait un Santeze! "Cela dura pres d'un an. Un soir, dans le parc, il s'abattit a mes genoux et, baisant le bas de ma robe avec un elan furieux, il repetait: "Je t'aime, je t'aime, je t'aime a en mourir. Si tu me trompes jamais, entends-tu, si tu m'abandonnes pour un autre, je ferai comme mon pere..." Et il ajouta d'une voix profonde a d
PREV.   NEXT  
|<   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68  
69   70   71   >>  



Top keywords:

disait

 

toutes

 
lettres
 

genoux

 

coupable

 
restee
 

embrassais

 

mourir

 

enfant

 

joyeux


divertissement
 

affolai

 
caressante
 

perfide

 

mienne

 

serieux

 

passion

 
aurait
 

Songez

 

arretait


aupres

 
flottait
 

vieille

 

plutot

 

vapeur

 
blanche
 

penitence

 
clairieres
 
excitais
 

brusquement


coquette
 

seduisante

 

puerile

 

tendresse

 

fiancee

 

devant

 
amusai
 

voulait

 

ecrivis

 

furieux


repetait

 

abattit

 

baisant

 
trompes
 
jamais
 

ajouta

 

profonde

 

entends

 

abandonnes

 

repondait