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designant: "Offres-en un autre a Sa Seigneurie". Chvabrine s'approcha de moi avec son plateau; je me detournai pour la seconde fois. Il me semblait hors de lui-meme. Avec sa finesse ordinaire, il avait devine sans doute que Pougatcheff n'etait pas content de lui. Il le regardait avec frayeur et moi avec mefiance. Pougatcheff lui fit quelques questions sur l'etat de la forteresse, sur ce qu'on disait des troupes de l'imperatrice et sur d'autres sujets pareils. Puis, tout a coup, et d'une maniere inattendue: "Dis-moi, mon frere, demanda-t-il, quelle est cette jeune fille que tu tiens sous ta garde? Montre-la-moi." Chvabrine devint pale comme la mort. "Tsar, dit-il d'une voix tremblante, tsar, ... elle n'est pas sous ma garde, elle est au lit dans sa chambre. -- Mene-moi chez elle", dit l'usurpateur en se levant. Il etait impossible d'hesiter. Chvabrine conduisit Pougatcheff dans la chambre de Marie Ivanovna. Je les suivis. Chvabrine s'arreta dans l'escalier: "Tsar, dit-il, vous pouvez exiger de moi ce qu'il vous plaira; mais ne permettez pas qu'un etranger entre dans la chambre de ma femme. -- Tu es marie! m'ecriai-je, pret a le dechirer. -- Silence! interrompit Pougatcheff, c'est mon affaire. Et toi, continua-t-il en se tournant vers Chvabrine, ne fais pas l'important. Qu'elle soit ta femme ou non, j'amene qui je veux chez elle. Votre Seigneurie, suis-moi." A la porte de la chambre Chvabrine s'arreta de nouveau et dit d'une voix entrecoupee: "Tsar, je vous previens qu'elle a la fievre, et depuis trois jours elle ne cesse de delirer. -- Ouvre!" dit Pougatcheff. Chvabrine se mit a fouiller dans ses poches et finit par dire qu'il avait oublie la clef. Pougatcheff poussa la porte du pied; la serrure ceda, la porte s'ouvrit et nous entrames. Je jetai un rapide coup d'oeil dans la chambre et faillis m'evanouir. Sur le plancher et dans un grossier vetement de paysanne, Marie etait assise, pale, maigre, les cheveux epars. Devant elle se trouvait une cruche d'eau recouverte d'un morceau de pain. A ma vue elle fremit et poussa un cri percant. Je ne saurais dire ce que j'eprouvai. Pougatcheff regarda Chvabrine de travers, et lui dit avec un amer sourire: "Ton hopital est en ordre!" Puis, s'approchant de Marie: "Dis-moi, ma petite colombe, pourquoi ton mari te punit-il ainsi? -- Mon mari! reprit-elle; il n'est pas mon mari; jamais je ne serai sa femme. Je suis resolue a mourir plutot, et je mo
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