ras de Porthos; cette trappe, cause du
mal, moyen du mal; cette trappe construite pour ce que vous savez.
Eh bien! en bonne foi, supposez-vous que ce soit moi qui, de mon
plein gre, dans un endroit pareil, aie fait ouvrir une trappe
destinee... Oh! non, vous ne le croyez pas, et, ici encore, vous
sentez, vous devinez, vous comprenez, une volonte au-dessus de la
mienne. Vous appreciez l'entrainement, je ne parle pas de l'amour,
cette folie irresistible... Mon Dieu!... heureusement, j'ai
affaire a un homme plein de coeur de sensibilite; sans quoi, que
de malheur et de scandale sur elle, pauvre enfant!... et sur
celui... que je ne veux pas nommer!
Porthos, etourdi, abasourdi par l'eloquence et les gestes de
Saint-Aignan, faisait mille efforts pour recevoir cette averse de
paroles, auxquelles il ne comprenait pas le plus petit mot, droit
et immobile sur son siege; il y parvint.
De Saint-Aignan, lance dans sa peroraison, continua, en donnant
une action nouvelle a sa voix, une vehemence croissante a son
geste:
-- Quant au portrait, car je comprends que le portrait est le
grief principal; quant au portrait, voyons, suis-je coupable? Qui
a desire avoir son portrait? est-ce moi? Qui l'aime? est-ce moi?
Qui la veut? est-ce moi?... Qui l'a prise? est-ce moi? Non! mille
fois non! je sais que M. de Bragelonne doit etre desespere, je
sais que ces malheurs-la sont cruels. Tenez, moi aussi, je
souffre. Mais pas de resistance possible. Luttera-t-il? on en
rirait. S'il s'obstine seulement, il se perd. Vous me direz que le
desespoir est une folie; mais vous etes raisonnable, vous, vous
m'avez compris. Je vois a votre air grave reflechi, embarrasse
meme, que l'importance de la situation vous a frappe. Retournez
donc vers M. de Bragelonne; remerciez-le, comme je l'en remercie
moi-meme, d'avoir choisi pour intermediaire un homme de votre
merite. Croyez que, de mon cote, je garderai une reconnaissance
eternelle a celui qui a pacifie si ingenieusement si
intelligemment notre discorde. Et, puisque le malheur a voulu que
ce secret fut a quatre au lieu d'etre a trois, eh bien! ce secret,
qui peut faire la fortune du plus ambitieux, je me rejouis de le
partager avec vous; je m'en rejouis du fond de l'ame. A partir de
ce moment, disposez donc de moi, je me mets a votre merci. Que
faut-il que je fasse pour vous? Que dois-je demander, exiger meme?
Parlez, monsieur, parlez.
Et, selon l'usage familierement amical des courtisans de cette
epo
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