ant le paquet a la maison.
Mais attendez. Je crois bien qu'il n'y a pas a la maison de monnaie
inferieure a une piece de cinq dollars. Vous pouvez donc envoyer avec le
paquet quatre dollars pour le change."--"Tres bien, monsieur,"
repond le boutiquier, concevant aussitot une grande idee de la haute
delicatesse de sa pratique. "J'en connais," se dit-il a lui-meme, "qui
auraient mis la marchandise sous leur bras, et seraient partis en
promettant de revenir payer le dollar en passant dans l'apres-midi."
Il envoie un garcon avec le paquet et la monnaie. En chemin, tout a fait
accidentellement, celui-ci est rencontre par l'acheteur, qui s'ecrie:
"Ah! c'est mon paquet, n'est-ce pas?--Je croyais qu'il etait depuis
longtemps a la maison. Allez, allez! Ma femme, mistress Trotter, vous
donnera les cinq dollars--je lui ai laisse des instructions a cet effet.
Mais vous pourriez aussi bien me donner la monnaie--j'aurai besoin
de quelque argent pour la poste. Tres bien! Un, deux... cette piece
est-elle bonne?--trois, quatre--Parfaitement bien! Dites a Mme Trotter
que vous m'avez rencontre et maintenant allez et ne vous amusez pas en
chemin."
Le garcon ne s'amuse pas du tout--mais il perd beaucoup de temps avant
de revenir de sa commission. Pas plus de Mme Trotter que sur la main. Il
se console toutefois en se disant qu'apres tout il n'a pas ete assez sot
pour laisser les marchandises sans l'argent; il rentre a la boutique
l'air fort satisfait de lui-meme, et ne peut s'empecher de se sentir
blesse et indigne quand son maitre lui demande ce qu'il a fait de la
monnaie.
Voici une filouterie tout a fait simple. Un vaisseau est sur le point de
mettre a la voile. Un individu a l'air officiel se presente au capitaine
avec une facture des frais de ville extraordinairement moderee. Enchante
de s'en tirer a si bon compte, et ne sachant auquel entendre, le
capitaine s'acquitte en toute hate. Au bout d'un quart d'heure, une
seconde facture, et celle-ci moins raisonnable, lui est presentee par un
autre individu qui lui a bientot fait comprendre que le premier receveur
etait un filou, et la premiere recette une filouterie.
En voici une autre a peu pres semblable.
Un bateau a vapeur est sur le point de larguer. Un voyageur, son
porte-manteau a la main, accourt de toutes ses forces du cote de
l'embarcadere. Tout a coup, il s'arrete tout court, et ramasse avec une
grande agitation quelque chose sur le sol. C'est un portefeuille. "Qui
a pe
|