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me tenant toujours par le poignet, avait fait ouvrir au grand large les tombes de l'humanite, et de chacune d'elles sortit une faible phosphorescence de decomposition, qui me permit de penetrer du regard les retraites les plus secretes, et de contempler les corps enveloppes de leur linceul, dans leur triste et solennel sommeil en compagnie des vers! Mais helas! ceux qui dormaient d'un vrai sommeil etaient des millions de fois moins nombreux que ceux qui ne dormaient pas du tout. Il se produisit un leger remuement, puis une douloureuse et generale agitation; et des profondeurs des fosses sans nombre il venait un melancolique froissement de suaires; et parmi ceux qui semblaient reposer tranquillement, je vis qu'un grand nombre avaient plus ou moins modifie la rigide et incommode position dans laquelle ils avaient ete cloues dans leur tombe. Et pendant que je regardais, la voix me dit encore: "N'est-ce pas, oh! n'est-ce pas une vue pitoyable?" Mais avant que j'aie pu trouver un mot de reponse, le fantome avait cesse de me serrer le poignet; les lueurs phosphorescentes expirerent, et les tombes se refermerent tout a coup avec violence, pendant que de leurs profondeurs sortait un tumulte de cris desesperes, repetant: "N'est-ce pas--o Dieu! n'est-ce pas une vue bien pitoyable?" Ces apparitions fantastiques qui venaient m'assaillir la nuit etendirent bientot jusque sur mes heures de veille leur terrifiante influence. Mes nerfs se detendirent completement, et je fus en proie a une horreur perpetuelle. J'hesitai a aller a cheval, a marcher, a me livrer a un exercice qui m'eut fait sortir de chez moi. De fait, je n'osais plus me hasarder hors de la presence immediate de ceux qui connaissaient ma disposition a la catalepsie, de peur que, tombant dans un de mes acces habituels, je ne fusse enterre avant qu'on ait pu constater mon veritable etat. Je doutai de la sollicitude, de la fidelite de mes plus chers amis. Je craignais que, dans un acces plus prolonge que de coutume, ils ne se laissassent aller a me regarder comme perdu sans ressources. J'en vins au point de m'imaginer que, vu la peine que je leur occasionnais, ils seraient enchantes de profiter d'une attaque tres prolongee pour se debarrasser completement de moi. En vain essayerent-ils de me rassurer par les promesses les plus solennelles. Je leur fis jurer par le plus sacre des serments que, quoi qu'il put arriver, ils ne consentiraient a mon inhumation, que lorsque la d
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