aignirent pas de
l'engager dans des paris a ce sujet. Mais en meme temps, ils ne furent
pas toujours scrupuleux sur l'article des conditions. Dans beaucoup de
cas les cryptographies sortaient completement des limites fixees.
Elles employaient des langues etrangeres. Les mots et les phrases se
confondaient sans intervalles. On employait plusieurs alphabets dans un
meme chiffre. Un de ces messieurs, d'une conscience assez peu timoree,
dans un chiffre compose de barres et de crochets, etrangers a la plus
fantastique typographie, alla jusqu'a meler ensemble au moins _sept
alphabets differents_, sans intervalles entre les lettres, ou meme
entre les lignes. Beaucoup de ces cryptographies etaient datees de
Philadelphie, et plusieurs lettres qui insistaient sur le pari furent
ecrites par des citoyens de cette ville. Sur une centaine de chiffres,
peut-etre recus en tout, il n'y en eut qu'un que nous ne parvinmes pas
immediatement a resoudre. Nous avons demontre que ce chiffre etait une
imposture--c'est-a-dire un jargon compose au hasard et n'ayant aucun
sens. Quant a l'epitre des sept alphabets, nous eumes le plaisir
d'ahurir son auteur par une prompte et satisfaisante traduction.
Le journal en question fut, pendant plusieurs mois, grandement occupe
par ces solutions hieroglyphiques et cabalistisques de chiffres qui nous
venaient des quatre coins de l'horizon. Cependant a l'exception de ceux
qui ecrivaient ces chiffres, nous ne croyons pas qu'on eut pu, parmi
les lecteurs du journal, en trouver beaucoup qui y vissent autre chose
qu'une hablerie fieffee. Nous voulons dire que personne ne croyait
reellement a l'authenticite des reponses. Les uns pretendaient que ces
mysterieux logogriphes n'etaient la que pour donner au journal un air
_drole_, en vue d'attirer l'attention. Selon d'autres, il etait plus
probable que non seulement nous resolvions les chiffres, mais encore
que nous composions nous-meme les enigmes pour les resoudre. Comme les
choses en etaient la, quand on jugea a propos d'en finir avec cette
diablerie, l'auteur de cet article profita de l'occasion pour affirmer
la sincerite du journal en question,--pour repousser les accusations de
mystification dont il fut assailli,--et pour declarer en son propre nom
que les chiffres avaient tous ete ecrits de bonne foi, et resolus de
meme.
Voici un mode de correspondance secrete tres ordinaire et assez simple.
Une carte est percee a des intervalles irreguliers de trous oblongs
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