ient aucun resultat,
si on ne se decidait pas a les placer sous la direction d'un homme
capable de les utiliser a propos.
--Je connais, ajouta-t-il, un chirurgien des hopitaux militaires,
qui est en ce moment sans emploi et qu'on pourrait s'attacher a des
conditions tres-modiques. Quant a son talent, je puis en repondre, il
m'a ete souvent fort utile, meme dans des maladies interieures. Au
reste, ce qui manque le plus a la campagne, ce sont les secours
immediats, et sous ce rapport il est parfait.
Les deux epoux le prierent de faire venir ce chirurgien le plus tot
possible, car ils s'estimaient heureux de pouvoir consacrer une partie
de leur superflu a une depense aussi generalement utile.
--Ce fut ainsi que la societe du Capitaine devint peu a peu agreable
a Charlotte. En utilisant a sa maniere ses vastes connaissances, elle
acheva de se tranquilliser sur les suites de sa presence au chateau.
Elle prit meme insensiblement l'habitude de le consulter sur une foule
de precautions hygieniques, car elle aimait la vie. Plus d'une fois
deja le vernis de certaines poteries dans lequel il entre du plomb et
le vert de gris qui s'attache aux vases de cuivre, lui avaient cause de
l'inquietude. Le Capitaine lui donna a ce sujet des eclaircissements
qui les conduisirent a d'instructifs entretiens sur la physique et la
chimie.
Edouard aimait a faire des lectures; sa voix etait sonore et son
debit donnait un charme de plus aux ecrivains dont il se faisait
l'interprete. Jusque la il n'avait employe son talent qu'a des
productions purement litteraires; la tournure que le Capitaine venait
de donner aux causeries du soir, lui fit choisir de preference des
traites de physique et de chimie, que son petit auditoire ecoutait
avec le plus vif interet.
Accoutume a produire des effets agreables par des inflexions de voix
et des pauses menagees avec art, le Baron avait toujours eu soin de se
placer de maniere a ce que personne ne put regarder dans son livre.
Charlotte et le Capitaine connaissaient cette manie, aussi ne
songea-t-il point a prendre cette precaution avec eux. Un soir,
cependant, sa femme se placa derriere lui, et regarda dans le livre;
il s'en apercut et interrompit brusquement sa lecture.
--En verite, dit-il avec humeur, je ne comprends pas comment une femme
bien elevee peut se permettre une pareille inconvenance. Une personne
qui lit ne se trouve-t-elle pas dans le meme cas qu'une personne qui
parle? Et se donnerait-
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