inites et leurs rapports
plus ou moins puissants ou faibles, plus ou moins intimes ou eloignes.
Oui, les affinites ne sont reellement interessantes que lorsqu'elles
operent des separations, des divorces.
--Ces vilains mots, que l'on entend trop souvent prononcer dans le
monde, figurent donc aussi dans le vocabulaire de la chimie?
--Sans doute, et cette science elle-meme, lorsque la langue allemande
n'avait pas encore adopte la foule de mots etrangers dont elle se sert
aujourd'hui, s'appelait l'art de separer (scheidekunst).
--On a bien fait de lui donner un autre nom, et, pour ma part, je
prefererai toujours l'art d'unir a celui de separer. Mais voyons,
puisque vous le voulez, Messieurs, citez-moi un exemple de ces
malheureuses affinites qui engendrent des divorces.
--Nous continuerons a cet effet, dit le Capitaine, a vous citer les
exemples dont nous nous sommes deja servis. Ce que nous appelons
pierre calcaire, n'est qu'une terre calcaire plus ou moins pure et
tres-etroitement unie a un acide subtil que nous ne pouvons saisir que
sous la forme d'air. En mettant un morceau de cette pierre dans de
l'acide sulfureux liquefie, cet acide s'empare de la chaux et se
metamorphose avec elle en platre, tandis que l'acide subtil s'envole.
Pourrait-on ne pas voir dans ce phenomene la separation d'une ancienne
union et la formation d'une union nouvelle? Nous appelons ces sortes
d'affinites des affinites electives, car il y a eu choix, preference,
election, puisqu'un ancien lien a ete brise, afin qu'un autre lien,
qu'on lui a prefere, ait pu se former.
--Pardonnez-moi, dit Charlotte, mais je ne vois rien la qui ressemble
a une election, a un choix; c'est tout au plus une necessite de la
nature, ou un resultat de l'occasion qui a fait non-seulement les
larrons, mais encore les amis et les amants. Quant a l'exemple que
vous venez de me citer, si l'on pouvait admettre qu'il y a eu en effet
un choix, ce serait au chimiste qu'il faudrait l'attribuer, puisqu'il
a rapproche les corps dont il connaissait les proprietes. Qu'ils
s'arrangent ces corps, ils m'interessent fort peu, je ne plains que le
pauvre acide aerien reduit a errer dans l'infini.
--Il ne tient qu'a lui, repondit vivement le Capitaine, de s'unir
a l'eau et de reparaitre en source minerale pour la plus grande
satisfaction des malades et meme de ceux qui se portent bien.
--Vous parlez comme pourrait le faire votre platre; il n'a rien perdu
lui, puisqu'il s'est c
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