x ait sa parure speciale, n'eut pas la force
de cacher son depit, lorsqu'apres le depart des examinateurs elle
vit Ottilie regarder tranquillement par la fenetre, tandis que ses
camarades se felicitaient mutuellement des prix qu'elles avaient
obtenus.
Au nom du Ciel, lui dit-elle, apprenez-moi comment on peut avoir l'air
si bete, quand on ne l'est pas.
--Pardonnez-moi, chere mere, repondit tranquillement Ottilie, j'ai en
ce moment mon mal de tete, et meme plus fort que jamais.
--Il est facheux que cela ne se voie pas, car on n'est pas oblige de
vous croire sur parole, s'ecria avec emportement cette femme que j'ai
toujours vue si bonne et si compatissante; puis elle s'eloigna avec
depit.
Malheureusement il est impossible en effet de s'apercevoir des
souffrances d'Ottilie; ses traits ne subissent aucune alteration, on
ne la voit pas meme porter, parfois, la main sur le cote de la tete ou
elle souffre.
Ce n'est pas tout encore. Mademoiselle votre fille, naturellement
vive et petulante, exaltee par le sentiment de son triomphe, etait ce
jour-la d'une gaite folle; sautant et courant a travers la maison,
elle montrait ses prix a tout venant, et finit par les passer assez
rudement sous les yeux d'Ottilie.
--Tu as bien mal dirige ton char aujourd'hui, lui dit-elle d'un air
moqueur.
Sa cousine lui repondit avec calme que ce n'etait pas la derniere
distribution des prix.
--Et que t'importe! tu n'en seras pas moins toujours la derniere,
s'ecria votre trop heureuse fille en s'eloignant d'un bond.
Tout autre que moi aurait pu croire qu'Ottilie etait parfaitement
indifferente, mais le sentiment vif et penible contre lequel elle
luttait se trahit a mes yeux par la couleur inegale de son visage. Je
remarquai que sa joue droite venait de palir et que la gauche s'etait
couverte d'un vif incarnat. Je tirai la maitresse du pensionnat a
l'ecart et je lui communiquai mes craintes sur l'etat de cette jeune
fille qu'elle avait si cruellement blessee. Elle reconnut la faute
qu'elle avait commise, et nous convinmes ensemble que je vous
prierais, en son nom, de rappeler Ottilie pres de vous, pour quelque
temps du moins, car mademoiselle votre fille ne tardera pas a nous
quitter. Alors tout sera oublie, et votre interessante niece pourra,
sans inconvenient, revenir dans notre maison ou elle sera traitee avec
tous les egards qu'elle merite.
Permettez-moi maintenant, Madame, de vous donner un avis important. Je
n'ai jamais e
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