un refus; ils choisirent une ouverture
difficile qu'ils aimaient tous deux et qu'ils executerent avec autant
d'ensemble que de talent. L'autre couple les ecouta avec satisfaction.
--Ils sont plus forts que nous, chere Ottilie, murmura le Baron a
l'oreille de la jeune fille; admirons-les et soyons heureux ensemble.
CHAPITRE IX.
Tout avait reussi au gre des desirs du Capitaine. Un mur enfermait le
ruisseau, une route nouvelle traversait le village, passait a cote
de l'eglise, se confondait avec l'ancien sentier de Charlotte, le
quittait pour s'elever en serpentant, laissait la cabane de mousse a
gauche, et montait doucement, et par un detour nouveau, jusqu'au haut
de la montagne.
Des le matin le chateau etait rempli par les hotes invites pour la
fete de Charlotte. Tout le monde se rendit a l'eglise, ou l'on trouva
les habitants de la commune vetus de leurs plus beaux habits. Le
sermon termine, le cortege se mit en marche dans l'ordre indique par
le Capitaine. Les enfants males, les jeunes garcons et les hommes
ouvraient le marche; les maitres du chateau et leurs invites suivaient
cette avant-garde; les femmes de Charlotte, les petites filles, les
jeunes villageoises et leurs meres, fermaient le cortege.
A un detour de la route on arriva sur un plateau de rochers ou le
Capitaine fit faire une courte halte a ses amis et a leurs hotes,
autant pour les reposer que pour leur faire remarquer la beaute du
coup d'oeil dont on jouissait de ce point de vue si adroitement
menage. En levant les yeux vers la cime de la montagne, ils voyaient
les hommes gravir lentement et en bon ordre vers cette cime;
en laissant errer leurs regards dans le fond, ils decouvraient
non-seulement une campagne riche et fertile, mais le gracieux cortege
des femmes qui montaient legerement vers eux. Un beau soleil eclairait
ce tableau, et Charlotte, emue jusqu'aux larmes, pressa en silence la
main de son ami.
Lorsqu'on atteignit enfin la plate-forme ou devait s'elever la maison
d'ete, les hommes s'etaient deja places en demi-cercle autour des
fosses destines aux murs des fondements. Un macon, en costume de fete
et decore de tous les insignes de son etat, invita Charlotte et sa
suite a descendre dans ces fosses. Personne ne se fit repeter cette
invitation. Une belle pierre de taille etait disposee de maniere a
etre facilement posee. Le macon, tenant le marteau d'une main et la
truelle de l'autre, prononca en vers naifs un discours dont
|