rapport de mon interet personnel. Quant a l'interet
d'Ottilie, tu vas en juger par ces papiers que je te prie de lire tout
haut. Je te promets de ne pas y jeter les yeux pendant que tu les
liras, mais je dois t'avertir que j'en connais le contenu.
A ces mots elle remit a son mari les deux lettres suivantes:
CHAPITRE V.
LETTRE DE LA MAITRESSE DE PENSION.
Pardonnez-moi, Madame, si je suis forcee d'etre aujourd'hui
tres-concise. La distribution des prix vient d'avoir lieu, et je dois
en faire connaitre le resultat aux parents de toutes mes eleves. Au
reste, je pourrai vous dire beaucoup en peu de mots. Mademoiselle
votre fille a ete toujours et en tout la _premiere_. Vous en trouverez
la preuve dans les certificats ci-joints. Mademoiselle Luciane s'est
chargee de vous donner elle-meme les details de cette distribution
de prix, et de vous exprimer en meme temps la joie que lui cause ses
eclatants succes, que vous ne pouvez manquer de partager. Mon bonheur
serait sans egal, si je n'etais pas forcee de me dire que bientot on
retirera de ma maison cette brillante eleve a laquelle je n'ai plus
rien a enseigner.
Veuillez, Madame, me continuer vos bontes, et permettez-moi de vous
communiquer, sous peu, un projet concernant mademoiselle votre fille.
Il parait reunir toutes les chances de bonheur que vous pouvez
souhaiter pour elle.
Le professeur qui a deja eu l'honneur de vous parler d'Ottilie, se
charge de vous rendre compte de sa position actuelle.
LETTRE DU PROFESSEUR.
La maitresse du pensionnat m'a prie de vous instruire, Madame, de tout
ce qui concerne mademoiselle votre niece, non-seulement parce qu'il
lui serait penible de vous dire ce que vous devez savoir enfin,
mais parce que, sous certains rapports du moins, elle vous doit des
excuses, qu'elle a prefere vous faire faire par mon organe.
Je sais, plus que tout autre, combien la bonne Ottilie est incapable
de manifester publiquement ce qu'elle sait et ce qu'elle vaut;
aussi ai-je tremble pour elle a mesure que je voyais approcher la
distribution des prix. Nous ne tolerons point, dans notre institution,
les mille petites ruses par lesquelles on vient ailleurs au secours
des jeunes personnes ignorantes ou timides; au reste, Ottilie ne s'y
serait pas pretee. En un mot, mes sinistres pressentiments se sont
realises, la pauvre enfant n'a pas eu un seul prix! Pour l'ecriture,
toutes ses camarades la surpassaient; car, si ses lettres, prises
isoleme
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