he; on traverse beaucoup de
paturages; on voit quelques champs de seigle qui etoient encore sur pied
et a moitie verts, des bosquets et de petits bois de sapins. Des masses
considerables des rochers, des monceaux de pierres entassees descendues
des hauteurs, couvrent cette superficie qui devient d'autant plus rapide
qu'on approche plus du pied du rocher: cette pente qui est au pied de
l'escarpement et de toutes les autres montagnes, est forme des pierres
et des sables qui tombent des hauts et produisent, a la longue, des
talus formes en pain de sucre, adosses contre les parties escarpees;
les plus grosses pierres roulent et se precipitent plus bas, servent de
point d'appui aux nouveaux materiaux qui s'y arretent, augmentent la
hauteur des talus, en elargissant les basis, et finissent par devenir
des montagnes tres considerables qui ont augmente en raison de la
quantite des debris qu'ont pu fournir les parties plus elevees; c'est ce
qu'on nomme montagnes de troisieme formation, composees des ruines de
celles qui dominent ces talus; ces eboulemens sont ordinairement plus
fertiles, plus couverts de vegetaux, d'arbres et de forets, sur-tout
s'ils sont composes de differentes especes de debris. Nous avons deja vu
que les montagnes calcaires sont elles-memes assises sur des couches
et des lits d'ardoise ou de schiste, qui, par l'arrangement de leurs
feuillets et de leurs couches, paroissent aussi avoir ete arranges et
formes successivement; quelle est donc la base primitive sur laquelle
sont appuyees et reposent ces masses qui etonnent l'imagination, a
quelle profondeur faudra-t-il l'aller chercher? Si nous concevons la
formation et la maniere dont se sont accrues et elevees ces troisiemes
montagnes, pouvons-nous imaginer comment se sont arrangees celles qui
sont si elevees au-dessus d'elles, ce tout que rien ne domine. C'est en
examinant en considerant ces grands spectacles que ces reflections nous
viennent; nous nous arretons, pour continuer a decrire ce que nous avons
vu et remarque, qui est la tache que nous nous sommes imposee.
"En arrivant au pied de l'escarpement, le premier objet qui frappe la
vue, ce sont des bancs de schistes ou d'ardoises bleuatres, meles de
larges filons de quartz qui forment la base, et les fondemens sur
lesquels est eleve ce mur de pierres calcaires. Car cette roche est
elevee de meme a pic; ce lit d'ardoises est un peu incline vers le
couchant, ainsi que tout ce qui repose dessus; la destructio
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