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ique, a Lisbonne et aux Etats-Unis, le speculateur avait pris, pour ne pas compromettre son nom, le pseudonyme de Sepherd. Carl Sepherd pouvait sans danger se montrer partout infatigable, audacieux, avide, en homme qui, resolu de faire fortune _quibuscumque viis_, se depeche d'en finir avec l'infamie pour rester honnete homme pendant le restant de ses jours. Avec ce systeme, sa fortune fut rapide et brillante. En 1827 donc il revenait a Bordeaux, sur le Marie-Caroline, joli brick appartenant a une maison de commerce royaliste. Il possedait dix-neuf mille francs en trois tonneaux de poudre d'or bien cercles, desquels il comptait tirer sept ou huit pour cent en les monnayant a Paris. Sur ce brick, se trouvait egalement un gentilhomme ordinaire de la chambre de S. M. le roi Charles X, monsieur d'Aubrion, bon vieillard qui avait fait la folie d'epouser une femme a la mode, et dont la fortune etait aux iles. Pour reparer les prodigalites de madame d'Aubrion, il etait alle realiser ses proprietes. Monsieur et madame d'Aubrion, de la maison d'Aubrion-de-Busch, dont le dernier Captal mourut avant 1789, reduits a une vingtaine de mille livres de rente, avaient une fille assez laide que la mere voulait marier sans dot, sa fortune lui suffisant a peine pour vivre a Paris. C'etait une entreprise dont le succes eut semble problematique a tous les gens du monde malgre l'habilete qu'ils pretent aux femmes a la mode. Aussi madame d'Aubrion elle-meme desesperait-elle presque, en voyant sa fille, d'en embarrasser qui que ce fut, fut-ce meme un homme ivre de noblesse. Mademoiselle d'Aubrion etait une demoiselle longue comme l'insecte, son homonyme, maigre, fluette, a bouche dedaigneuse, sur laquelle descendait un nez trop long, gros du bout, flavescent a l'etat normal, mais completement rouge apres les repas, espece de phenomene vegetal plus desagreable au milieu d'un visage pale et ennuye que dans tout autre. Enfin, elle etait telle que pouvait la desirer une mere de trente-huit ans qui, belle encore, avait encore des pretentions. Mais, pour contre-balancer de tels desavantages, la marquise d'Aubrion avait donne a sa fille un air tres distingue, l'avait soumise a une hygiene qui maintenait provisoirement le nez a un ton de chair raisonnable, lui avait appris l'art de se mettre avec gout, l'avait dotee de jolies manieres, lui avait enseigne ces regards melancoliques qui interessent un homme et lui font croire qu'il va rencontrer l'ange si v
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