an Deyck-Lister, le 31 decembre, a minuit, me
remit la somme convenue.
J'empochai ce numeraire sans qu'un muscle de mon visage
tressaillit, et j'offris meme un bock au perdant.
Souvent, par la suite, Angeline retourna chez Van Deyck-Lister.
Chaque fois, elle en revenait munie de petites sommes qui, sans
constituer une fortune importante, mettaient quelque aisance dans
notre humble menage.
LA JEUNE FILLE ET LE VIEUX COCHON
Il y avait une fois une jeune fille d'une grande beaute qui etait
amoureuse d'un cochon.
Eperdument!
Non pas un de ces petits cochons jolis, roses, espiegles, de ces
petits cochons qui fournissent au commerce de si exquis
jambonneaux.
Non.
Mais un vieux cochon, depenaille, ayant perdu toutes ses soies, un
cochon dont le charcutier le plus devoye de la contree n'aurait
pas donne un sou.
Un sale cochon, quoi!
Et elle l'aimait... fallait voir!
Pour un empire, elle n'aurait pas voulu laisser aux servantes le
soin de lui preparer sa nourriture.
Et c'etait vraiment charmant de la voir, cette jeune fille d'une
grande beaute, melangeant les bonnes pelures de pommes de terre,
le bon son, les bonnes epluchures, les bonnes croutes de pain.
Elle retroussait ses manches et, de ses bras (qu'elle avait fort
jolis), brassait le tout dans de la bonne eau de vaisselle.
Quand elle arrivait dans la cour avec son seau, le vieux cochon se
levait sur son fumier et arrivait trottinant de ses vieilles
pattes, et poussant des grognements de satisfaction.
Il plongeait sa tete dans sa pitance et s'en fourrait jusque dans
les oreilles.
Et la jeune fille d'une grande beaute se sentait penetree de
bonheur a le voir si content.
Et puis, quand il etait bien repu, il s'en retournait sur son
fumier, sans jeter a sa bienfaitrice le moindre regard de ses
petits yeux miteux.
Sale cochon, va!
Des grosses mouches vertes s'abattaient, bourdonnantes, sur ses
oreilles, et faisaient ripaille a leur tour, au beau soleil.
La jeune fille, toute triste, rentrait dans le cottage de son papa
avec son seau vide et des larmes plein ses yeux (qu'elle avait
fort jolis).
Et le lendemain, toujours la meme chose.
Or, un jour arriva que c'etait la fete du cochon.
Comment s'appelait le cochon, je ne m'en souviens plus, mais
c'etait sa fete tout de meme.
Toute la semaine, la jeune fille d'une grande beaute s'etait
creuse la tete (qu'elle avait fort jolie), se demandant quel beau
cadeau, et bien ag
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