leurs, vous verrez
par la suite que mes relations avec la frele jeune fille
demeurerent des moins effectives.)
La frele jeune fille (ai-je dit qu'elle etait frele?) s'appelait
Prudence.
Elle ne mit aucune mauvaise grace a declarer qu'elle me trouvait
assez conforme a son genre d'ideal, et nous voila les meilleurs
amis du monde.
Fort avant dans la nuit et apres avoir danse, tels des perdus, je
reconduisis Prudence chez sa maman.
Mais elle avait mon adresse, et mille fois par jour elle passait
et repassait devant mon magasin.
Moi, je me sentais bien content, bien content.
Le dimanche suivant, c'etait convenu, Prudence devait couronner ma
flamme.
Mais le fameux dimanche suivant, au moment ou j'allais sortir,
apres avoir mis ma plus belle cravate, mon second patron,
M. Amour, me demanda:
-- Ou allez-vous, Emile?
-- Mais... je sors.
-- Vous ne sortirez pas.
-- Si, je sortirai!
-- Non, vous ne sortirez pas, il y a de l'ouvrage.
-- Si, je sortirai!
Et M. Amour m'empoigna et me fit rentrer dans l'arriere-boutique.
A ce moment, je n'avais pas encore acquis cette prodigieuse
robustesse qui a fait de moi la terreur de Clichy-Levallois.
La rage au coeur, je me debattis, mais vainement. M. Amour me
tenait d'une poigne de fer. Pendant ce temps-la, Prudence filait
avec Dieu sait qui, car on ne l'a jamais revue.
Amour, Amour, quand tu nous tiens, on peut bien dire: Adieu
Prudence!
[1] Si, par hasard, un descendant de ce monarque se trouvait
offusque de cette appreciation, il n'a qu'a venir me trouver. Je
n'ai jamais recule devant un Valois. -- A.A.
[2] Ce petit conte a ete publie il y a cinq ans, detail
important pour eviter toute confusion avec une histoire analogue o
combien! -- parue recemment sous la signature d'un jeune homme
bleme dont le pere m'a accuse, devant Yvette Guilbert, de lui
devoir deux termes, ce qui est faux. -- A.A.
[3] Il est malheureux que cette expression vieillisse, car
elle est significative et utile. Amyot s'en est servi dans sa
traduction de Daphnis et Chloe: " Il y avait en ce quartier-la une
caverne que l'on appelait la caverne des Nymphes, qui etait une
grande et grosse roche, au fond de laquelle SOURDAIT une fontaine
qui faisait un ruisseau dont etait arrose le beau pre verdoyant. "
End of the Project Gutenberg EBook of A se tordre, by Alphonse Allais
*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK A SE TORDRE ***
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