les troupes d'Ibrahim, en consequence d'une convention
recente. On attend dans peu de jours la rentree de la premiere division
de l'armee egyptienne.
M. le chancelier du consulat-general de France voulut bien aussi venir a
notre bord, nous complimenter de la part de M. Drovetti, qui se trouvait
heureusement a Alexandrie, ainsi que le vice-roi. Le soir meme, a six
heures, je me rendis a terre, avec notre brave commandant et mes
compagnons de voyage, Rosellini, Bibent, Ricci, et quelques autres: je
baisai le sol egyptien en le touchant pour la premiere fois, apres
l'avoir si longtemps desire. A peine debarques, nous fumes entoures par
des conducteurs d'anes (ce sont les fiacres du pays), et, montes sur ces
nobles coursiers, nous entrames dans Alexandrie.
Les descriptions que l'on peut lire de cette ville ne sauraient en
donner une idee complete; ce fut pour nous comme une apparition des
antipodes, et un monde tout nouveau: des couloirs etroits bordes
d'echoppes, encombres d'hommes de toutes les couleurs, de chiens
endormis et de chameaux en chapelet; des cris rauques partant de tous
les cotes et se melant a la voix glapissante des femmes, ou d'enfants a
demi nus; une poussiere etouffante, et par-ci par-la quelques seigneurs
magnifiquement habilles, maniant habilement de beaux chevaux richement
harnaches, voila ce qu'on nomme une rue d'Alexandrie. Apres une
demi-heure de course sur nos anes et une infinite de detours, nous
arrivames chez M. Drovetti, dont l'accueil empresse mit le comble a
toutes nos satisfactions. Surpris toutefois de notre arrivee au milieu
des circonstances actuelles, il nous en felicita cependant, et nous
donna l'assurance que notre voyage d'exploration ne souffrirait aucune
difficulte; son credit, fruit de sa conduite noble, franche et
desinteressee, qui n'a jamais pour objet que le service de notre
monarque dont le nom est partout venere, et l'honneur de la France, est
une garantie suffisante de ces promesses. M. Drovetti ajouta encore a
ses prevenances, en m'offrant un logement au palais de France, l'ancien
quartier-general de notre armee. J'y ai trouve un petit appartement
tres-agreable, c'est celui de Kleber, et ce n'est pas sans de vives
emotions que je me suis couche dans l'alcove ou a dormi le vainqueur
d'Heliopolis.
Du reste, le souvenir des Francais est partout dans Alexandrie, tant
notre influence y fut douce et equitable. En arrivant, j'ai entendu
battre la retraite par les tambours e
|