Mon depart pour le Caire est definitivement arrete pour demain, tous nos
preparatifs etant heureusement termines, ainsi que ce que je puis
appeler l'organisation de l'expedition, chacun ayant sa part officielle
d'action pour le bien de tous. Le docteur Ricci est charge de la sante
et des vivres; M. Duchesne, de l'arsenal; M. Bibent, des fouilles,
ustensiles et engins; M. Lhote, des finances; M. Gaetano Rosellini, du
mobilier et des bagages, etc. Nous avons avec nous deux domestiques et
un cuisinier arabes; deux autres domestiques barabras; mon homme a moi,
Soliman, est un Arabe, de belle mine, et dont le service est excellent.
Deux batiments a voile nous porteront sur le Nil; l'un est le plus grand
_maasch_ du pays, et il a ete monte par S.A. Mehemed-Ali: je l'ai nomme
_l'Isis;_ l'autre est une _dahabie,_ ou cinq personnes logeront assez
commodement; j'en ai donne le commandement a M. Duchesne, en survivance
du bon docteur Raddi, qui doit nous quitter pour aller a la chasse des
papillons dans le desert lybique. Cette _dahabie_ a recu le nom
d'_Athyr:_ nous voguerons ainsi sous les auspices des deux deesses les
plus joviales du Pantheon egyptien. D'Alexandrie au Caire, nous ne nous
arreterons qu'a _Kerioun,_ l'ancienne Chereus des Grecs, et a
_Ssa-el-Hagar,_ l'antique Sais. Je dois ces politesses a la patrie du
ruse Psammetichus et du brutal Apries; enfin, je verrai s'il reste
quelques debris de Siouph a _Saouafe,_ ou naquit Amasis, et a Sais,
quelques traces du college ou Platon et tant d'autres Grecs _allerent a
l'ecole._
Notre sante se soutient, et l'epreuve du climat d'Alexandrie, qui est
une ville toute lybique, est d'un tres-bon augure. Nous sommes tous
enchantes de notre voyage, et heureux d'avoir echappe aux depeches
telegraphiques qui devaient nous retarder. Les circonstances de mauvaise
apparence ont toutes tourne pour nous; quelques difficultes inattendues
sont aplanies: nous voyageons pour le Roi et pour la science; nous
serons heureux partout.
Je viens a l'instant (huit heures du soir) de prendre conge du vice-roi.
S.A. a ete on ne peut pas plus gracieuse; je l'ai priee d'agreer notre
gratitude pour la protection ouverte qu'elle veut bien nous assurer. Le
vice-roi a repondu que les princes chretiens traitant ses sujets avec
distinction, la reciprocite etait pour lui un devoir. Nous avons parle
hieroglyphes, et il m'a demande une traduction des inscriptions des
obelisques d'Alexandrie. Je me suis empres
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