rant Thebes comme je l'ai fait pendant
quatre jours, sans voir meme un seul des milliers d'hypogees qui
criblent la montagne libyque, j'ai deja recueilli des documents fort
importants.
Je joins ici la traduction de la partie chronologique d'une stele que
j'ai vue a Alexandrie: elle est tres-importante pour la chronologie des
derniers Saites de la XXVIe dynastie. J'ai de plus des copies
d'inscriptions hieroglyphiques gravees sur des rochers, sur la route de
_Cosseir_, qui donnent la duree expresse du regne des rois de la
dynastie persane.
J'omets une foule d'autres resultats curieux; je devrais passer tout mon
temps a ecrire, s'il fallait detailler toutes mes observations
nouvelles. J'ecris ce que je puis dans les moments ou les ruines
egyptiennes me permettent de respirer au milieu de tous ces travaux et
de ces jouissances reellement trop vives si elles devaient se renouveler
souvent ailleurs comme a Thebes.
Ma sante est excellente; le climat me convient, et je me porte bien
mieux qu'a Paris. Les gens du pays nous accablent de politesses: j'ai
dans ce moment-ci dans ma petite chambre: 1 deg. un aga turc, commandant en
chef de Kourna, dans le palais de Mandouei; 2 deg. le Cheik-el-Belad de
Medinet-Habou, donnant ses ordres au Rhamesseium et au palais de
Rhamses-Meiainoun; enfin un cheik de Karnac, devant lequel tout se
prosterne dans les colonnades du vieux palais des rois d'Egypte. Je leur
fais porter de temps en temps des pipes et du cafe, et mon drogman est
charge de les amuser pendant que j'ecris; je n'ai que la peine de
repondre, par intervalles regles, _Thaibin_ (Cela va bien), a la
question _Ente-Thaieb_ (Cela va-t-il bien)? que m'adressent
regulierement toutes les dix minutes ces braves gens que j'invite a
diner a tour de role. On nous comble de presents; nous avons un troupeau
de moutons et une cinquantaine de poules qui, dans ce moment-ci,
paissent et fouillent autour du portique du palais de Kourna. Nous
donnons en retour de la poudre et autres bagatelles. Je voudrais que le
docteur Pariset vint me joindre; nous pourrions causer Europe, dont je
n'ai aucune nouvelle, pas meme d'Alexandrie. J'ecrirai de Syene, avant
de franchir la premiere cataracte, si cependant j'ai une occasion pour
faire descendre mes lettres. J'envoie celle-ci a _Osiouth_, ou j'ai
etabli un agent copte pour notre correspondance. J'ai recueilli a
Beni-Hassan beaucoup de fossiles pour M. de Ferussac; j'en ai trouve
aussi de tres-beaux
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