les
etrangers, lord Prudhoe, M. Burton et le major Felix, Anglais, qui
s'occupent beaucoup d'hieroglyphes, et qui me comblent de bontes. Je
n'ai encore fait aucune acquisition; je presume que notre arrivee a fait
hausser le prix des antiquites; mais cela ne peut durer longtemps. Je
pars demain ou apres pour Memphis; je ne reviendrai pas au Caire cette
annee; nous debarquerons pres de _Mit-Rahineh_ (le centre des ruines de
la vieille ville), ou je m'etablirai; je pousserai de la des
reconnaissances sur _Sakkarah, Dahschour_ et toute la plaine de
_Memphis_, jusqu'aux grandes pyramides de _Giseh_, d'ou j'espere dater
ma prochaine lettre. Apres avoir couru le sol de la seconde capitale
egyptienne, je mets le cap sur Thebes, ou je serai vers la fin
d'octobre, apres m'etre arrete quelques heures a Abydos et a Denderah.
Ma sante est toujours excellente et meilleure qu'en Europe; il est vrai
que je suis un homme tout nouveau: ma tete rasee est couverte d'un
enorme turban; je suis completement habille a la turque, une belle
moustache couvre ma bouche, et un large cimeterre pend a mon cote; ce
costume est tres-chaud, et c'est justement ce qui convient en Egypte; on
y sue a plaisir et l'on s'y porte de meme. Les Arabes me prennent
partout pour un naturel; dans peu je pourrai joindre l'illusion de la
parole a celle des habits; je debrouille mon arabe, et a force de
jargonner, on ne me prendra plus pour un debutant. J'ai deja recueilli
des coquilles du Nil pour M. de Ferussac ... J'attends impatiemment des
lettres de Paris ... Adieu.
QUATRIEME LETTRE
Sakkarah, le 5 octobre 1828.
Nous sommes restes au Caire jusqu'au 30 septembre, et le soir du meme
jour nous avons couche dans notre _maasch_, afin de mettre a la voile le
lendemain de bonne heure pour gagner l'ancien emplacement de Memphis. Le
1er octobre, nous passames la nuit devant le village de _Massarah_, sur
la rive orientale du Nil, et le lendemain, a six heures du matin, nous
courumes la plaine pour atteindre de grandes carrieres que je voulais
visiter, parce que Memphis, sise sur la rive opposee, et precisement en
face, doit etre sortie de leurs vastes flancs. La journee fut
excessivement penible; mais je visitai presque une a une toutes les
cavernes dont le penchant de la montagne de _Thorrah_ est crible. J'ai
constate que ces carrieres de beau calcaire blanc ont ete exploitees a
toutes les epoques, et j'ai trouve: 1 deg. une inscription datee du mois de
Paoph
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