ient aux branches des arbres avant
d'avoir pu s'elever au-dessus de la colline; encore quelques minutes et
ils allaient entrer dans la ville.
--Tu vas me descendre au bout du pont, dit Adeline, et tu continueras
seule jusqu'a la maison.
--Et maman?
--Tu diras a ta mere que je suis chez M. Eck.
Berthe laissa echapper une exclamation de joie.
--Ah! papa.
--Je ne veux pas te laisser dans l'inquietude, je ne veux pas y rester
moi-meme; le mieux est donc d'avoir tout de suite une explication avec
M. Eck.
--Que vas-tu lui dire.
--C'est lui qui doit avoir a me dire, et il est trop loyal pour ne pas
s'expliquer franchement.
Ils avaient traverse la Seine, ils allaient entrer dans la ville neuve;
Berthe arreta son cheval.
--Il me semblait que quand tu serais la j'aurais moins peur, dit-elle,
et voila que mon angoisse n'a jamais ete plus forte.
Il descendit de voiture.
--Sois certaine que je la ferai durer le moins longtemps qu'il me sera
possible. A tout a l'heure.
Tandis qu'elle tournait a droite pour entrer dans la vieille ville, il
suivait droit son chemin pour gagner la ville neuve.
II
Si l'angoisse de Berthe etait forte, celle d'Adeline ne l'etait pas
moins, car il ne prevoyait que trop surement ce qui se dirait dans cet
entretien: averti de ce qui s'etait passe au cercle, le pere Eck ne
voulait pas que son neveu epousat la fille d'un voleur.
C'etait cette reponse qu'il allait chercher lui-meme, sinon dans ces
termes au moins concluant a ce resultat: le mariage de Berthe manque.
Et il avait quitte Paris pour fuir cette accusation.
Sa main tremblait quand il frappa a la porte du bureau du pere Eck.
--_Endrez._
Il entra:
--Ah! monsieur _Ateline_!
Il y avait plus de surprise que de contentement dans cette exclamation.
--J'allais justement faire demander a madame _Ateline_ quand vous deviez
venir a _Elpeuf_.
--Vous avez a me parler?
Le pere Eck hesita un moment
--_Voui_.
L'heure avait sonne pour Adeline.
--C'est de nos projets que je voulais vous entretenir, dit le pere Eck.
Depuis le jour ou je vous ai _temande_ la main de mademoiselle _Perthe_,
je n'ai cesse de peser sur ma mere pour la decider a ce mariage, tantot
directement, tantot par des moyens detournes. Et c'etait difficile, tres
difficile, car c'est la premiere fois que dans notre famille l'un de
nous veut epouser une chretienne. Et puis il y avait l'education, les
prejuges, si vous voulez, enfin, ce
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