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t Porthos a se regarder mutuellement le blanc des yeux, a tourner leurs pouces dans les differentes evolutions qui vont du nord au midi, une porte de la salle s'ouvrit et l'on vit paraitre Sa Grandeur vetue du petit costume complet de prelat. Aramis portait la tete haute, en homme qui a l'habitude du commandement, la robe de drap violet retroussee sur le cote, et le poing sur la hanche. En outre, il avait conserve la fine moustache et la royale allongee du temps de Louis XIII. Il exhala en entrant ce parfum delicat qui, chez les hommes elegants, chez les femmes du grand monde, ne change jamais, et semble s'etre incorpore dans la personne dont il est devenu l'emanation naturelle. Cette fois seulement le parfum avait retenu quelque chose de la sublimite religieuse de l'encens. Il n'enivrait plus, il penetrait; il n'inspirait plus le desir, il inspirait le respect. Aramis, en entrant dans la chambre, n'hesita pas un instant, et sans prononcer une parole qui, quelle qu'elle fut, eut ete froide en pareille occasion, il vint droit au mousquetaire si bien deguise sous le costume de M. Agnan, et le serra dans ses bras avec une tendresse que le plus defiant n'eut pas soupconnee de froideur ou d'affectation. D'Artagnan, de son cote, l'embrassa d'une egale ardeur. Porthos serra la main delicate d'Aramis dans ses grosses mains, et d'Artagnan remarqua que Sa Grandeur lui serrait la main gauche probablement par habitude, attendu que Porthos devait deja dix fois lui avoir meurtri ses doigts ornes de bagues en broyant sa chair dans l'etau de son poignet. Aramis, averti par la douleur, se defiait donc et ne presentait que des chairs a froisser et non des doigts a ecraser contre de l'or ou des facettes de diamant. Entre deux accolades, Aramis regarda en face d'Artagnan, lui offrit une chaise et s'assit dans l'ombre, observant que le jour donnait sur le visage de son interlocuteur. Cette manoeuvre, familiere aux diplomates et aux femmes, ressemble beaucoup a l'avantage de la garde que cherchent, selon leur habilete ou leur habitude, a prendre les combattants sur le terrain du duel. D'Artagnan ne fut pas dupe de la manoeuvre; mais il ne parut pas s'en apercevoir. Il se sentait pris; mais, justement parce qu'il etait pris, il se sentait sur la voie de la decouverte, et peu lui importait, vieux condottiere, de se faire battre en apparence, pourvu qu'il tirat de sa pretendue defaite les avantages de la victoire. Ce fut
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