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lendemain, une lettre de Pierret, je me mettais en route. Combien je
remercie cet excellent ami de ses soins pour vous! Je l'ai toujours
tendrement aime, mais combien plus a present! Si vous saviez comme il
est heureux de pouvoir m'ecrire que vous n'etes pas en danger et que
bientot vous serez tout a fait guerie!
Je remercie tendrement Caroline, non pas des soins qu'elle vous donne
(elle obeit a son coeur et sa recompense est en elle meme), mais de
m'avoir ecrit une bonne et affectueuse lettre, pleine de nouvelles
heureuses qui m'ont rendu la vie! Il est donc vrai que je vous reverrai
dans ce petit bois de Nohant, sur ce banc de gazon que nous avons
construit pour vous il y a trois ans, et ou j'ai ete pleurer si
amerement ces jours derniers, vous croyant perdue pour moi!
Mes enfants vous embrassent mille fois, et vous disent toute leur joie
presente, toute leur peine passee. Croyez a la mienne aussi, bonne mere!
Surtout, ayez toujours bon courage et confiance. Vous etes forte, jeune,
pleine de volonte. Vous etes aimee, cherie, soignee. Guerissez vite, et,
quand vous serez en etat de voyager, j'irai vous chercher pour que vous
vous remettiez de toutes vos souffrances a la campagne.
Adieu, chere maman; je vous embrasse mille fois. Faites-moi donner
souvent de vos nouvelles. J'embrasse aussi de toute mon ame Pierret et
ma soeur, a qui j'ecrirai directement.
CLXXIV
A M. CALAMATTA, A PARIS
Nohant, 12 juillet 1837.
_Carissimo_,
C'est moi qui me conduis avec vous d'une facon tout a fait _manante_;
vous etes si bon, que vous me pardonnerez tout; mais je ne ne pardonne
aucun tort envers vous, que j'aime et que j'estime de toute mon ame.
C'est bien tard venir vous feliciter de votre _fortuna_; mais vous savez
bien quelle part j'y prends, mon bon vieux, et combien elle m'est plus
agreable que tout ce qui me serait personnel en ce genre. Il etait bien
temps que vous fussiez recompense, par un peu d'aisance, d'une vie si
laborieuse et si stoique. C'est la premiere fois que ces gens-la font
quelque chose a propos.
Le seul mauvais cote que j'y trouve, c'est que tous ces voyages et tous
ces travaux vous empecheront de venir me voir. Pourvu que vous soyez
content, et que justice vous soit rendue, je sacrifierai cette joie a
la votre. Je suis bien touchee de la gratitude que M. Ingres croit me
devoir. Je n'ai obei qu'a la verite en le placant a la tete des artistes
et en
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