ics aux parfums troublants,
Menthes, liserons bleus ou blancs
Et belles-de-nuit azurees,
--Et, s'il fallait dire en tout point
Les fleurs qu'elle avait fait eclore,
Pas plus que les jardins de Flore,
Mon jardin n'y suffirait point.
III
COMMENT LE ROI ET LA COUR SUIVIRENT LES AMANTS
A LA TRACE ET DECOUVRIRENT UN CHATEAU
DE FLEURS AU LIEU DE FORET
Quand les servantes eveillees
Virent jusqu'aux horizons bleus
Ce beau chemin miraculeux,
Du haut des tours ensoleillees,
En hate, aux Dames du palais
Elles furent conter la chose,
Et les Princes, pour meme cause,
Furent cherches par leurs valets.
Ce fut un grand remue-menage
Dans le chateau, jusqu'a ce point
Qu'ayant mis son plus beau pourpoint,
Le Roi fut du pelerinage.
La Cour entiere par les pres
Marchait en bel ordre a sa suite,
Suivant nos amants et leur fuite
En tous ses detours diapres.
La surprise etait infinie
De ce que ce nouveau printemps
Foisonnat de fleurs dans le temps
Qu'il n'est aux champs qu'herbe jaunie.
Or cet admirable chemin
Menait a la foret prochaine:
Il n'etait charme, orme, if ou chene
Qui ne fut tendu de jasmin,
De chevre-feuille, de glycine,
De vigne vierge et d'autres fleurs,
Melant et tramant leurs couleurs,
D'une branche a l'autre voisine.
Tant et si bien, qu'en ces beaux lieux
Ce n'est plus, comme en l'entourage,
Foret d'automne sans ombrage,
Mais plutot palais merveilleux,
Aux murs faits de branches taillees,
Et batis de fleurs en arceaux
Ou chantaient de rares Oiseaux,
Sur des corniches de feuillees.
De leurs cent voix, l'echo chanteur
Salua le Roi des l'entree,
Dont l'ame encor fut penetree
D'une meme et fraiche senteur,
Laquelle etait si bien formee
De tant de parfums differents,
Qu'a mon embarras je comprends
Qu'aucun auteur ne l'ait nommee.
Le Roi, du portail, pas a pas
Poussa jusques aux galeries
Ou figuraient ses armoiries
De lys sur ne-m'oubliez-pas.
Il fut touche de cet hommage
De Fee a Monarque, d'autant
Que les Oiseaux allaient chantant
Ses hauts faits en humain ramage.
IV
COMMENT BELLE-MIGNONNE ET LE PAGE PARFAIT
FURENT TROUVES L'UN PRES DE L'AUTRE
ENDORMIS
Les Oiseaux avaient leur secret
Qui le precedaient par volee,
Le menant d'allee en allee,
De salon en grotte et retrait.
Toute la noble multitude
Cueillait des fleurs, chemin faisant,
Et l'on parvint, en devisant
De solitude en solitude,
Jusqu'a l'Antre d'or ou, parmi
Des fleurs plus blanches que nature,
Mignonne, en
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