rejete en arriere
et dont il n'a que faire... S'il le lui mettait, ca ne serait pas de
trop assurement!
Mais non pourtant... Cela doit etre. Il faut que l'adorable Jesus
souffre pour les hommes... afin d'expier leurs peches!
On leur a souvent raconte cela.
Mais pourquoi les vilains hommes ont-ils fait des peches?
Leur coeur se souleve, s'emplit soudain d'une grande indignation.
Un violent desir de venger le Petit-Jesus les saisit. Des gros mots--les
plus energiques de leur vocabulaire enfantin--d'eloquentes invectives
leur montent aux levres pour fletrir les ingrats qui lui font tant de
mal.
Ils vont le prendre et l'emporter.
Ils vont le mettre dans leur lit; eux coucheront a terre plutot! Ils
vont le couvrir de tout ce qu'il y a de chaud et de moelleux dans la
maison!... L'on verra bien ensuite si les mechants oseront venir le leur
oter!...
Et les pauvres innocents, navres, tout fremissants de la tempete qui
vient de passer en eux, reniflent tout bas, pris d'une grosse envie de
pleurer.
Tout a coup la musique cesse.
C'est comme si une main brusque chassait leur reve en les reveillant
brutalement.
La grotte de sapins s'emplit d'ombres, et au milieu d'un vilain
brouhaha, on les entraine dehors ou le vent glace les soufflette au
visage.
Sans un mot ils se laissent tasser, encapuchonner, envelopper dans les
fourrures, sentant gronder en eux une sorte de mauvaise humeur rageuse
qui se fond bientot en un immense besoin de dormir.
A la maison on les sort de leur nid comme des sacs de farine--par les
deux bouts.
On les deshabille, on les couche sans qu'ils en aient conscience, sans
qu'ils prennent meme part a ce fameux reveillon dont ils ont vu les
apprets allechants, et qui devait, dans leur espoir d'hier, couronner si
delicieusement la fete.
Leurs nerfs agites se reposent, dans un sommeil de plomb, de la secousse
qu'ils ont subie.
Et ce sera demain le debordement des impressions, les emportements,
les questions sans nombre, l'adorable histoire enfin des ames neuves
s'ouvrant une premiere fois a la perception des choses de la vie.
Et, certes, sous quel plus pur et plus chaud rayonnement que celui de la
creche divine; a quelle plus belle aurore pouvait s'operer cette fraiche
eclosion!
Vive Noel toujours pour les mignons et les innocents!
HIER ET DEMAIN
_Un conte du jour de l'an pour le grand monde._
J'avais comme de coutume suspendu un bas de ma plus longue et plus bell
|